En Allemagne, il existe le « mitfahrgelegenheit », un service de co-voiturage permettant aux Allemands de réaliser des promenades en groupe, ceci afin de partager les frais. Un jeune allemand a entrepris sur le même concept, pour les musulmans.

Face à l’islamophobie et à la mixité

Sélim Reid, 24 ans, d’origine Irakienne, venu vivre près d’Hambourg avec ses parents en 1996, part d’abord du constat personnel que ses parents se font hélas critiquer par certains chauffeurs de taxis allemands. Immigrés et musulmans, ses parents sont souvent victimes de remarques désobligeantes et gratuites. Sa mère portant le hijab est d’autant plus confrontée à cet islamophobie ambiante lorsqu’elle se déplace. Il sait par ailleurs que l’Islam préconise une séparation des sexes, de manière à protéger les couples musulmans contre l’infidélité, des relations hors mariage tout simplement.

Devoir prendre un taxi, pour un musulman mais surtout pour une musulmane, peut parfois restreindre les sorties, voire empêcher d’aller et venir librement. En effet, nombre de femmes musulmanes refusent, en accord avec leurs principes, la proximité avec les hommes. Le co-voiturage tel qu’il existe est donc inenvisageable puisqu’on ne sait pas à l’avance qui sera dans le véhicule.

Suite à ces divers constats et réflexions, Sélim Reid, jeune étudiant, dans l’industrie automobile et techniques aéronautiques à Hambourg, décide de réagir en créant une compagnie de taxis musulmane. Le premier service de co-voiturage réservé aux musulmans, pour leur permettre de se balader librement, entre hommes ou entre femmes, tout en économisant de l’argent, et pourquoi pas nouer des affinités ou créer des amitiés entre gens du même sexe.

Entreprise musulmane, mais pour tous !

Malheureusement, le jeune entrepreneur se heurte à de nombreuses critiques. On lui affirme même que son projet crée la ségrégation. Les Allemands sont moins ouverts à l’immigration que les autres pays européens. Et d’après les statistiques fournis dans l’hebdomadaire Allemand « Die Zeit », deux Allemands sur cinq se sentent menacés par l’Islam. Le ministre de l’intérieur Hans-Peter Friedrich lui même pense que « l’Islam n’appartient pas à l’Allemagne ». Ces propos ont été tenus lors de la troisième conférence sur l’Islam à Berlin en Mars dernier.

Pourtant l’Allemagne aurait entre 3,8 et 4,3 millions de musulmans sur son territoire, soit 5% de sa population nationale. Une manière de nier leur existence ou de les rejeter, comme leurs homologues français, soit reconnaître leur existence et leur présence comme en 2009 lorsque les services centraux banquiers avaient accusé les immigrés musulmans d’abaisser le niveau d’intelligence de l’Allemagne…

Une preuve de l’esprit vif et jeune de Sélim Reid, affirmant malgré tout que sa société est ouverte aux non-musulmans désireux d’en savoir plus sur l’Islam, dans un esprit de paix et de bonne entente. Des milliers d’allemands non musulmans ont fait appel à ces services et se disent reconnaissants pour l’accueil et l’ouverture pacifique de ce projet. Cette entreprise a vu le jour fin 2011, et le site web est sur la toile !

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