Emmanuel Macron demande « pardon » à la veuve de Maurice Audin

Après des décennies de déni, l’Etat français semble enfin vouloir faire face à ses responsabilités.

La disparition en 1957, du mathématicien communiste militant de l’indépendance de l’Algérie, Maurice Audin aura fait couler beaucoup d’encre malgré l’omerta des médias et des autorités françaises.

La torture pratiquée par l’armée française durant la guerre d’Algérie a marqué les mémoires. Le racisme colonial n’avait pas pour seule victime le peuple algérien, mais aussi les opposants à la politique criminelle colonialiste, imposée par la France de l’époque.

A l’image de Maurice Audin, arrêté le 11 juin 1957 en pleine bataille d’Alger et torturé avant d’être supprimé par l’armée française.

Cet assistant de mathématiques à la faculté d’Alger et membre du Parti communiste algérien, a été suspecté d’aider le FLN. Après avoir été arrêté par des parachutistes du général Jacques Massu, on perd sa trace une dizaine de jours plus tard. Sa disparition reste un mystère et aucune explication ne sera donnée sur la disparition de ce père de trois enfants. Selon la version officielle, il se serait évadé au cours de son transfert.

Mais tout cela fait désormais partie du passé, depuis que le président français, Emmanuel Macron « reconnaisse » ce jeudi 13 septembre, la responsabilité de l’Etat dans la disparition du communiste et militant de l’indépendance de l’Algérie, Maurice Audin.

Une « reconnaissance » sous forme de publication que le président français a rédigée et remis ce jeudi au domicile de la veuve de Maurice Audin où il était attendu.

Il a salué un « moment historique » où « Il va reconnaître que la vérité est que Maurice Audin faisait partie de tous ceux qui ont été victimes d’un système ». L’occasion aussi pour le chef de l’Etat de dénoncer le système de torture légalement institué par la France et les milliers de disparitions qui en ont découlé.

Cédric Villani, lauréat 2010 de la médaille Fields, se bat depuis longtemps pour obtenir cette reconnaissance, il a déclaré satisfait :

« Le président s’attachera à faire de ce moment un moment non pas d’accusation, mais un moment de vérité, un moment où on regarde l’histoire en face, et où on prend bien garde à ne pas jeter le blâme sur tout le monde sans distinction, mais on invite tout le monde à parler et panser les plaies ».

M. Villani estime par ailleurs que « (…) c’est le moment, pour avancer vers le futur, de voir la vérité, de reconnaître le rôle que l’Etat a eu en laissant l’armée agir sans contrôle sur bien des actions ». Le député LREM a souligné qu’au-delà du cas de Maurice Audin, « il s’agit de penser à tous les disparus dans tous les camps ».

Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent s’est exprimé à son tour dans un tweet, se réjouissant que le « mensonge d’État qui durait depuis 61 ans tombe ».

La veuve de Maurice Audin, Josette Audin, n’a pas souhaité réagir dans l’immédiat. Cependant, elle garde l’espoir de connaître un jour les circonstances précises de la mort de son mari et compte sur « l’ouverture des archives et l’appel à témoignage du président de la République » qui « sera entendu par tous les témoins survivants et tous ceux qui détiennent des archives privées susceptibles de permettre de connaître les circonstances exactes de la mort de Maurice Audin et de tous ceux qui ont subi le même sort ».

En l’absence du corps de leur père et mari, la famille Audin est incapable de faire son deuil. Cette reconnaissance tardive apportera peut être les réponses aux milliers de questions que se posent la famille Audin.

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By Younes