Les musulmans sont connus pour leur générosité et les habitants de Karakoçan, une ville située à l’est de l’Anatolie en Turquie en sont la preuve incarnée.
Pas un restaurant de la ville ne refuse l’entrée de son établissement à ceux qui sont dans le besoin. Les restaurateurs réservent toujours plusieurs tables aux personnes qui n’ont pas les moyens de se payer un repas.
Une tradition qui se transmet de père en fils et depuis des décennies cette habitude qui honore les habitants de la ville se perpétue pour le grand bonheur de ceux qui en profitent.
Mehmet Ozturk, 55 ans, fait partie des généreux propriétaires qui ouvrent les portes de leur établissement aux nécessiteux. Il est directeur de l’un des restaurants les plus fréquentés de Karakoçan, le Merkez et Mehmet se fait un devoir de garder au minimum trois tables pour « ses précieux clients » et même en pleine heure de pointe.
Chaque jour, il nourrit gratuitement 15 nécessiteux et ce ne sont pas moins de 100 personnes qui mangent quotidiennement grâce à la générosité des restaurants de la ville qui compte environ 28.000 habitants.
Galip, fait partie de ceux qui viennent régulièrement au Merkez, il vient au moins deux fois par jour et ceci depuis dix ans.
« Il était là pour le petit-déjeuner et il viendra probablement aussi dîner », dit un jeune serveur.
« Le Merkez est mon endroit préféré en ville, parce que la nourriture est excellente », confie Galip qui souffre d’une maladie mentale.
Il faut dire que le patron ne leur refuse rien, la carte est très variée et ils n’ont que l’embarras du choix, brochettes, poulet, soupe, riz et salades, tout est à volonté pour ces personnes qui vivent dans la précarité.
Pour Ozturk, rien de surprenant : « La tradition a toujours été là, même il y a 70 ans. Pour nous, c’était une chose naturelle à faire, quelque chose que nous avons appris de nos aînés ».
Une tradition qui a débuté dans les années ’40 avec les anciens propriétaires du restaurant. Ils ont été les premiers à offrir des repas, puis lorsque Mehmet a repris l’établissement à son compte, il lui semblait naturel de perpétuer la tradition. Plus tard d’autres restaurants ont fait de même.
« Je me souviens de Hacı Huseyin, l’ancien propriétaire du restaurant, et j’ai été témoin de son enthousiasme quand j’attendais des tables à un très jeune âge. Il avait l’habitude de chercher des gens dans le besoin pour les nourrir dans les rues, les amener en groupe au restaurant parfois trois fois, parfois cinq fois par jour » , explique Ozturk.
Afin de ne pas gêner ces clients « spéciaux », les restaurateurs ont inventé un code leur permettant de les repérer. Au moment de payer l’addition, il suffit à ceux-ci de dire « alti boluk » (six divisions) du nom d’un régiment de l’armée se référant au Kapikulu Suvarileri, la cavalerie du Sultan durant l’empire Ottoman pour qu’ils quittent les lieux sans payer.
Au-delà de nourrir ceux qui en ont besoin, les mécènes de la ville organisent des événements lors des fêtes de l’Eid al-Fitr, Eid al-Adha et durant le mois sacré de Ramadan.
Des festivités dont les habitants de la ville bénéficient gratuitement. Aider son prochain fait partie des obligations que s’imposent les habitants de Karakoçan, car disent-ils aider ceux qui sont dans le besoin apportera la « baraka », en Islam plus vous donnez, plus vous recevez en retour.
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