[La Lumière d’Allah pour les hommes] Episode 4: une eau synonyme de pouvoir

Depuis Ismaël, de père en fils, on s’héritait la charge d’approvisionner les pèlerins en eau et en nourriture, jusqu’à ce que ce privilège fût accordé par la tribu de Jurhum.
Ensuite, une bataille a éclaté entre les tribus de Khuzâ`a et Jurhum.

Lorsque les membres de la tribu de Jurhum se sentirent vaincus, ils jetèrent tous les biens précieux qui avaient posés en offrande devant la Ka’bah, dans le puits de Zem-Zem qu’ils ont ensevelis, puis ils quittèrent la Mecque.

Une longue période s’écoula, pendant laquelle la tribu de Khuzâ’a assurait les charges du temple et le pouvoir à la Mecque. Puis ce fut au tour de la tribu de Quraysh de leur succéder au pouvoir.

Comment cette passation de pouvoir eut-elle lieu ?
Écoutez ce dialogue entre ‘Abd al Muttalib et son père Hâshim ibn ‘Abd Manâf pour le savoir.

Lorsque ‘Abd al Muttalib devint un jeune homme fort, il commence à s’asseoir près de son père Hâshim fils de ‘Abd Manâf dans la maison de la Consultation (Dâr an-Nadwâ). Il écoutait attentivement les débats qui se déroulaient entre les notables de la Mecque.
Il se sentait fier de son père qui détenait la place la plus honorable auprès de son peuple, car il était le maître de la maison de la consultation et le responsable des pèlerins.

Un jour ‘Abd al Muttalib demanda à son père :
– Père ! Qui a bâti la maison de la consultation ?
Son père sourit, le regarda avec un air de satisfaction et lui dit :
– D’accord mon fils… Je vais te raconter toute l’histoire… Tu es devenu un jeune homme mûr et tu commences à comprendre beaucoup de choses.

Puis il continua :
– Mon grand père Quçayy ibn Kilâb faisait partie de la descendance d’Ismaël – que la paix soit sur lui ; il jouissait d’une position honorable parmi les gens de Quraysh car il possédait des traits de caractères nobles, il était magnanime et courageux. Un homme de la tribu de Khuzâ`a du nom de Hulayl ibn Hubaysha fut séduit par ses qualités et le maria avec sa fille Hubbâ. Hulayl était le maître incontesté de la Mecque et le gardien du temple. Lorsqu’il mourût, Quçayy s’estima plus qualifié que quiconque pour assurer les charges du temple.

– C’est ainsi que la garde de la Ka’ba et la direction de la Mecque passèrent de la tribu de Khuzâ’a à celle de Quraysh, » dit ‘Abd al Muttalib.

– Effectivement… lorsque mon grand-père prit le pouvoir de la Mecque, il y réunit tous les clans de Quraysh qui étaient auparavant dispersés, et il construisit près de la Ka’ba une vaste construction qu’il appela la Maison de la Consultation –Dâr an-Nadwa. C’était une sorte de lieu de réunion où se rassemblaient les habitants de la Mecque dans les moments de joie ou d’adversité. Il y discutaient entre eux de leurs affaires, décidaient de faire la paix ou la guerre, de se réconcilier et de rentrer en conflit ; ils y arrangeaient les mariages et les divorces, et on y célébrait les fêtes. Enfin, on y signait les contrats.
‘Abd al Muttalib dit en souriant :
– Donc toute affaire importante ne pouvait se discuter en dehors de la Maison de la Consultation.
– Certainement, car mon grand père Quçayy était un homme avisé, tout le monde le respectait et suivait ses conseils.
– Mais comment ton grand père a-t-il obtenu le privilège de la prise en charge des pèlerins ?
– Lorsque mon grand-père a remarqué l’état dans lequel les pèlerins arrivaient à la Mecque, les cheveux ébouriffés et les habits pleins de poussière, leurs montures étaient amaigries à cause du voyage, il a réuni les nobles de Quraysh et leur a dit :
– Ô peuple de Quraysh ! Vous êtes les voisins de la Maison d’Allah et les gens de Son sanctuaire. Allah vous en a donné le privilège et vous a honoré. Chaque année viennent à vous les pèlerins, ils exaltent les injonctions sacrées, ils sont donc les hôtes d’Allah et les visiteurs de Sa Maison. Et l’hôte qui est le plus en droit d’être traité généreusement est celui d’Allah, soyez donc hospitaliers avec eux.

Puis Quçayy ajouta :
– Consacrez-leur une part des denrées alimentaires et des boissons pendant les jours du pèlerinage pour qu’ils rentrent chez eux comblés et reconnaissants.
– La tribu de Quraysh a-t-elle répondu à son appel ? demanda `Abd al Muttalib.
– Oui, ils se sont empressés de l’aider dans cette tâche et chaque famille s’était imposée une part de nourriture qu’elle fournissait à mon grand père Quçayy.
– C’est ainsi que tous les postes d’honneur furent attribués à ton grand père.
– Oui, et c’est mon père ‘Abd Manâf qui lui a succédé, et me voici maintenant sur le point de prendre la même responsabilité, et c’est toi qui me succéderas lorsque tu grandiras.
La joie et la fierté envahirent ‘Abd al Muttalib qui commença à se préparer à cette tâche. Lorsque son père décéda, on lui confia la présidence de la Maison de la Consultation et la responsabilité de l’approvisionnement en eau des pèlerins.
Le problème de l’eau le tourmentait, car les Mecquois étaient obligés de chercher l’eau à l’extérieur de la cité.

‘Abd al Muttalib avait entendu les récit des conteurs qui évoquaient le puits de Zem-Zem construit par son ancêtre Ismaël et que la tribu de Jurhum avait enseveli et dont ils avaient dissimulé les traces.

Il commença à réfléchir sur le moyen de retrouver ce puits.

Adapté de « La Vie de Mohammed et la Naissance de l’Islam ». Éditions Zeino