Fort d’un bilan économique et social catastrophique, Nicolas Sarkozy et son parti l’UMP semblent vouloir faire diversion en plaçant l’islam au cœur du débat publique. Financement des mosquées, formation des imams, prières dans la rue… certes il existe quelques difficultés mais ce sont à notre sens des problèmes locaux qu’on ne pourrait généraliser à tout le culte musulman en France. Voici quelques éléments de réponse.
Les prières de rue
Le principal argument avancé par les promoteurs de ce débat concerne les prières de rue. Mises au devant de la scène publique par Marine Le Pen, ces quelques endroits où les prières du vendredi empiètent sur la voie publique ne sont pas inconnus des autorités. Bien au contraire, municipalités, services de police, service de renseignements et préfets (donc l’État) sont depuis des années bien au courant de ces écarts qu’ils tolèrent et organisent. Tout se fait donc dans la transparence et en totale coordination avec les services de l’Etat.
Malgré cette transparence, les prières au grand jour font l’objet de tous les fantasmes, on entend que certains fidèles s’y rendraient volontairement afin de défier les lois République ou bien encore pour occuper le terrain, c’est FAUX. En réalité les gens prient dehors faute de place à l’intérieur des mosquées, c’est simple et nous invitons tous les journalistes qui nous liront à aller filmer l’intérieur des mosquées des grandes villes notamment Paris afin de se rendre compte des conditions austères dans lesquelles les musulmans prient.
Tous les acteurs du dossier connaissent et disposent des éléments nécessaires à la résolution à courts et moyens termes de ces problèmes que l’on peut caractériser d’isolés. Cependant faute de courage et de réelle volonté rien n’est fait sur le terrain. Y a t il nécessité d’ouvrir un débat publique là dessus ? assurément non, il incombe simplement aux responsables politiques et acteurs musulmans d’agir, mais sur le plan politique aider des musulmans à prier dans des conditions dignes n’est pas vendeur. Laisser pourrir les situations et accuser les musulmans d’occuper la rue, ça peut rapporter gros…
Le financement des mosquées
Les problèmes de place entrainant les prières dans la rue nous amènent à réfléchir sur le nombre de mosquées en France. Afin que le culte musulman puisse s’exercer dans de bonnes conditions, il faudrait selon des estimations doubler le nombre de salles de prière sur le sol métropolitain mais pour atteindre un tel objectif il faut de l’argent, beaucoup d’argent.
En France, la quasi totalité des mosquées sont financées par des dons privés provenant de fidèles vivant sur le territoire français. Lorsqu’un projet de construction est lancé, une chaine de solidarité se met en place. Les membres de l’association à l’origine de la construction parcourent alors les mosquées du département, de la région voir du pays afin de récolter de l’argent. Encore une fois, tous ces dons sont contrôlés et tracés par les associations musulmanes et nous pouvons affirmer de manière certaine que lorsque les services de renseignements qui suivent les comptes des mosquées ont des doutes, ils ne manquent pas d’interroger les responsables associatifs sur la provenance de cet argent.
En ce qui concerne les financement des mosquées par des pays étrangers (majoritairement l’Algérie et le Maroc), cela devient plutôt rare mais là encore lorsque cela se fait , l ‘État, les municipalités et les services de renseignements sont au courant de ces opérations et laissent faire. C’est le cas par exemple du projet de construction de la Grande Mosquée de Saint Étienne à laquelle le Roi du Maroc Mohamed VI aurait participé à hauteur de 1,2 millions d’euros sur un budget total de 4 millions d’euros, la presse a largement diffusé la nouvelle. Pensez vous sincèrement qu’une telle somme peut passer inaperçue dans les comptes d’une association fraichement créée qui plus est musulmane ? Non, tout se fait sous les yeux de l’État qui à défaut d’interdire permet.
Par conséquent , la posture d’hommes politiques agitant le spectre de l’ingérence des pays étrangers dans le culte français est purement hypocrite. D’un côté ils permettent les financement étrangers et de l’autre accusent ces mêmes financements. Si le financement étranger de mosquées pose problème, là encore pas besoin de débat publique, l’exécutif doit prendre ses responsabilités et en assumer l’interdiction.
Enfin, intéressons nous au financement des mosquées via l’argent public, l’argent de nos impôts. A nouveau, on flirte avec l’hypocrisie. Il existe plusieurs mosquées ayant été financées par l’argent publique. Ces projets sont généralement montés par des municipalités et nous sommes les premiers (musulmans) à les dénoncer car cela implique bien souvent la mise sous tutelle de la mosquée par la mairie. Sous couvert d’association culturelle, les maires ouvrent des centres cultuels. C’est le cas par exemple pour la mosquée d’Epinay sur Seine qui a été financée à hauteur de 2 millions d’euros par le maire centriste Hervé Chevreau.
Nous aurons l’occasion de revenir lors d’un prochain billet sur la formation des imams et l’imposture du projet politique qu’est l’islam de France. Pour conclure notre propos nous invitons l’UMP et ses partisans à dépenser leur énergie à la résolution de problèmes bien plus graves comme le chômage de masse, l’insécurité, le pouvoir d’achat, le financement des retraites, la dette… et de prendre leur responsabilité dans la résolution des problèmes mentionnés précédemment puisqu’ils sont au pouvoir. Vouloir créer de faux débats ainsi que de fausses préoccupations est malsain pour tous les français. Espérons que les élections cantonales auront raison de l’UMP.
Crédit Photo : Weingarten
Salam aleikoum,
Je pense qu’il faudrait éviter de répondre ou d’entrer dans ce débat stérile… Laisser l’ump, sarko décider des débats c’est ce qui a fait perdre la gauche. Sarko flâte les sentiments racistes (Les français étant suffisament idiot pour retomber dans ce piège) pour qu’on ne parle pas de ces échecs, des vrais problèmes de la France. Il faut interpeller Sarko, sur la sécurité qu’il a promis au français… Qu’il nous explique comment les agresseurs, les violeurs sont remis en liberté sans aucun suivie conduisant au drame de leatitia, comment des dealers occupent des immeubles entiers sans jamais être inquiétés, pourquoi chaque fête nationale se solde par des feu de poubelles et de voitures…Et l’urgence serait les musulmans qui se mettent à genoux sur la voie publique ou était des jeunes filles qui ont décidé de se voiler ou encore le halal!? De qui se moque-t-on!? Rappelons aux français les vrais problèmes, sans oublier la crise financière, en pointant du doigt les responsables.
ce que les muslim comprennent pas, c’est qu’a partir du moment ou l’état (mairire, préfecture ou autre) investis dans une mosquée, ils décideront forcément de ce qui se passera dedans, et c’est ca le but, pas de dourous, des imams de france, fermeture des petites salles de priéres de proximité, qui fais que pour certains il iront meme plus à la mosquée, rien n’est gratuit, vous devriez le comprendre depuis le temps, pourquoi les muslims de chaque quartien se réunirais pas pour acheter un pavillon .. par exemple.
je sais pas si j’ai été claire
Allahou ‘Alam
Bonjour à toutes et à tous
Je pense que le financement de l’islam en france est un faut problème, il suffit juste de pondre une taxe sur tous les produits halal, vu les sommes (des milliards d’euros par an) récupérées par les pseudo associations cultuelles (label)au nom de la religion il serait normale que cet argent serve à l’islam de france pour la construction et le fonctionnement des lieux de prière.
assaalmou ‘alaykoum,
Barak Allahou fikoum pour ce billet. Je m’en souviendrais pour, le cas échéant, resortir ce lien en guise d’explication (forums, discussions, etc) sur le financement des mosquées (=> financement des mosquées pour les nuls ;-))
Je trouve cette vision de la maïcité par une musulmane intéressante. Qu’en pensez vous?
Point de vue
Combattre l’islam ou le reformer en Tunisie et ailleurs
LEMONDE.FR | 08.03.11 | 10h33 • Mis à jour le 08.03.11 | 11h29
La campagne pour une Tunisie laïque est bien compréhensible. Elle émane d’une peur d’un gouvernement islamiste qui brimerait les libertés individuelles et priverait tous les citoyens mais surtout toutes les citoyennes de leurs droits de base. Vu l’énormité du danger que constituerait un tel futur pour la Tunisie, il est compréhensible de vouloir à tout prix prendre ses distances de la religion, et vouloir utiliser les mesures qu’il faut pour empêcher les partis islamistes de gagner du terrain politique.
Plutôt que de fuir l’identité musulmane, il vaut mieux se l’approprier et la réformer. Plutôt que de laisser les extrémistes prendre la religion en otage, il faut la réclamer et l’occuper avec des voix modérées, modernes, raisonnables et raisonnées. L’état actuel des choses ou notre religion nous embarrasse est une conséquence de la politique de répression. Les extrémistes se sont épanouis grâce à l’oppression de la majorité. Les dictatures ont étouffé le centre majoritaire ne laissant survivre que les corrompus et les extrémistes. Notre silence était leur arme. Il est temps de réoccuper l’espace qui était écrasé par la dictature. Nous ne sommes pas nécessairement barbus ; nous ne sommes pas nécessairement voilées ; nous ne sommes pas en colère. Nous sommes farouchement contre l’assujettissement des femmes ; nous sommes pour les valeurs nobles telles que la tolérance, le pardon, la générosité, l’égalité, l’évolution et la flexibilité. Nous sommes pour la joie de vivre, pour la civilité, pour la fierté d’un travail bien fait. Nous sommes contre la rancune, la haine et la vengeance. Nous sommes contre tout ce qui nuit à la dignité de tout être humain quelle que soit sa position économique, ethnique ou sociale. Nous sommes de vrais musulmans mais avons laissé des extrémistes prendre l’islam en otage.
Les khomeïnistes de l’Iran et les wahhabites d’Arabie saoudite n’ont pas le monopole de l’islam. Leur islam est obscurantiste et anti-rationnel. Ils représentent l’islam au même degré que les mormons fondamentalistes représentent la religion chrétienne. Il y a des sectes mormons qui pratiquent la polygamie, qui croient au don de leurs filles précoces à leur chef religieux ; leurs points de vue ne portent tort qu’à eux et non au reste des chrétiens. Cela fait au moins cinq siècles que les chrétiens ne se définissent plus comme une communauté monochrome d’accord sur tout. Ils gardent l’identité commune dont ils sont tous fiers, mais ils ont un choix large de positions, opinions et pratiques sur toutes les questions sociales, légales et politiques. Quand Martin Luther King a objecté à la corruption de l’Eglise catholique et a initié le mouvement de réforme, le résultat a été la réforme non seulement des protestants mais aussi de l’Eglise catholique traditionnelle. Il en va de même pour nous.
« DÉFINISSONS NOTRE RELIGION »
Oui à la laïcité, mais il ne faut pas tomber dans l’amalgame et renier notre identité culturelle et religieuse. C’est notre histoire et notre patrimoine. Il faut la regarder en face, la critiquer, la réformer, l’habiter et la définir plutôt que de la rejeter. Les mosquées nous appartiennent ; nous aurions tort de continuer à les abandonner aux extrémistes. Il est temps de réformer l’islam et le ramener au XXIe siècle. Nous avons commencé une révolution qui continue à résonner dans tout le Moyen-Orient. Réformer l’islam est une composante importante de cette révolution : définissons notre identité, notre gouvernement et notre religion. Ne laissons pas la tâche aux wahhabites et aux khomeïnistes. C’est à nous de la définir ; c’est à nous de les définir. Il n’est pas nécessaire que nous arrivions tous à la même définition ; c’est cela en quelque sorte la laïcité. Certains d’entre nous préféreront garder une version très traditionnelle ; d’autres opteront pour une forme très progressiste ; d’autres ne voudront pas de religion du tout. Vive le respect, vive la civilité, vive la démocratie.
Fatma Mili, chair, computer science department, Oakland University, Rochester Michigan
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