Suède : un salarié travaillant pour UPS un peu trop barbu au goût de l’entreprise

L’organisme suédois  « Diskrimineringsombudsmannen » chargé de lutter contre le harcèlement, les inégalités et les discriminations a entamé une action en justice contre la société de livraison de colis UPS suite au licenciement d’un salarié musulman ayant refusé de raser sa barbe.

Touche pas à ma barbe

L’homme avait été recruté dans le cadre d’un contrat de pré-embauche en Juin 2010 au poste de chauffeur-livreur pour la société Uniflex sous traitante d’UPS.  L’objectif à court terme était la signature d’un contrat de type CDI avec la société de livraison UPS, initialement prévu pour  Août 2010.

Durant le processus de recrutement, l’homme fut informé qu’UPS avait une politique uniforme en vertu de laquelle les conducteurs n’étaient pas autorisés à porter la barbe.  Cependant, à ce moment là, personne ne lui a demandé explicitement de se raser. Ce n’est que lorsque le salarié a débuté son activité qu’un manager d’UPS lui a demandé de se raser, requête refusée  par le conducteur avançant que raser sa barbe allait à l’encontre de ses convictions religieuses.

Tu discrimines donc tu paies

Ces propos n’auront pas su satisfaire le manager qui, après un rappel du règlement intérieur de l’entreprise, a rompu le contrat commercial qui liait UPS à Uniflex entrainant alors l’annulation du recrutement du salarié musulman. Cependant la Suède possède une législation solide et active dans la défense des droits fondamentaux de l’Homme. Ainsi donc, le « Diskrimineringsombudsmannen » (ne cherchez pas à le prononcer) a assigné  au tribunal la société UPS pour avoir licencié indirectement ce salarié parce qu’il portait la barbe.

L’ombudsman, l’équivalent du médiateur de la République en France réclame à UPS la somme de 22 000 € à titre de compensation et dédommagement. Le médiateur a fait valoir le fait que le port de la barbe était  fondé sur la religion, sur des convictions et que l’homme avait été désavantagé par un règlement apparemment neutre mais discriminant puisqu’il exclu de fait les musulmans.

La barbe, parce que je le vaux bien

Nous profitons de cet article pour vous partager ce petit rappel sur le statut de la barbe en islam :

Le port de la barbe est une sunna qu’il est nécessaire d’observer (fardh ou wâjib). (En effet, le terme « sunna » désigne seulement ce que le Prophète a enseigné et / ou fait, sans en dire quel est le caractère : or une « sunna » peut être obligatoire, ou fortement recommandée, ou seulement conseillée. Certaines sunna sont donc seulement conseillées, mais d’autres sont obligatoires : cliquez ici pour en savoir plus).

Le port de la barbe ne fait pas partie de ce que le Prophète faisait par habitude culturelle seulement. En effet, car porter une barbe n’est pas seulement ce que le Prophète a fait, c’est aussi ce qu’il a dit de faire : « Dix choses font partie de la fit’ra : (…) le fait de se laisser la barbe (…) » (rapporté par Muslim, Abû Dâoûd, at-Tirmidhî et Ibn Mâja). Il a également dit : « Laissez-vous la barbe et taillez-vous les moustaches » (rapporté par al-Bukhari et Muslim entre autres). Ibn Hajar relate les différents termes qui ont été employés dans ce dernier Hadîth : « waffirû« , « a’fû« , « arkhû » et « awfû« , tous signifiant globalement qu’il faut garder une barbe. Les ulémas sont donc d’avis qu’il s’agit d’une sunna ta’abbudiyya (dont l’ensemble est également appelé « sunan al-hudâ »), et non pas d’une sunna ‘âdiyya (dont l’ensemble est également appelé « sunan az-zawâ’ïd »).

L’impératif employé dans ces Hadîths a amené les ulémas à dire que cela était obligatoire (wâjib ou fardh) : certains sont d’avis qu’il est interdit (harâm) de se la raser, d’autres que cela est mak’rûh tahrîman (cf. Al-Fiqh ul-islâmî wa adillatuh, p. 2659).

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