Dans un rapport officiel qui sera rendu public le 3 avril, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) constate qu’en 2013, la parole raciste s’est libérée notamment à l’égard des musulmans.

Un racisme qui pénètre toutes les couches de la société

L’institut estime que ce climat est préoccupant et constate que le nombre de français assumant leur racisme est en augmentation. Un sondage BVA commandé par l’organisation indique que 9 % des français se disent plutôt racistes contre 7%  il y a deux ans, 26% s’estiment un peu racistes contre 22% en 2012. A la question y a-t-il trop d’immigrés en France ? 74% des Français répondent oui contre 69 % en 2012 et 47% en 2009.

Christine Lazerges présidente de l’institut expliquait pour France Info que sur le long terme, la CNCDH constatait une baisse du racisme notamment lorsque l’on compare nos années à celles où avaient lieu des ratonnades. Néanmoins, elle indique que « le racisme d’aujourd’hui est plus sournois et n’est plus réservé aux franges extrêmes. Il pénètre toutes les couches de la société ». Lors d’une conférence de presse, elle a par ailleurs indiqué que les boucs émissaires d’aujourd’hui étaient d’abord les Roms stigmatisés y compris par ce gouvernement de Gauche.

La classe politique, principale responsable de cette banalisation du racisme

Les conclusions de la CNCDH ne sont pas nouvelles, la parole raciste s’est libérée à commencer par celle des responsables politiques qui n’hésitent pas à dépasser les limites à des fins électorales. La présidence de Nicolas Sarkozy et le débat sur l’identité nationale ont constitué en la matière un accélérateur, ainsi plusieurs ministres se sont illustrés dans le dérapage raciste.

En septembre 2009, lors de l’université d’été de l’UMP, Brice Hortefeux alors ministre de l’Intérieur avait déclaré lors de la rencontre d’un militant d’origine maghrébine qui mange du cochon et qui boit de la bière,  » il ne correspond pas du tout au prototype », avant d’ajouter « Il en faut toujours un. Quand il y en a un ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes. »

En Avril 2011, Claude Guéant digne héritier de Brice Hortefeux à place Beauvau déclarait au sujet de l’augmentation du nombre de musulman, « La question interpelle nos concitoyens : nombreux sont ceux qui pensent qu’il y a des entorses à la laïcité… En 1905, il y a avait très peu de musulmans en France, aujourd’hui il y en a entre 5 et 10 millions (…) Cet accroissement du nombre de fidèles et un certain nombre de comportements posent problème. ».
Un an plus tard devant un parterre de journalistes encrés à droite, Claude Guéant avait déclaré que toutes les civilisations ne se valaient pas. Dalil Boubakeur lui demanda alors d’expliciter son propos et d’indiquer qu’il ne visait pas la communauté musulmane. Quelques jours plus tard, le ministre de l’Intérieur et des Cultes déclara « Le président du CFCM me demande de lui donner des assurances sur le fait que mes propos ne visent pas la civilisation musulmane. Je lui réponds que pour moi, ce qui est en cause, c’est la religion musulmane. ».

Plus récemment, Manuel Valls déclarait à l’antenne d’Europe 1 que le « le voile (…) restera pour moi et doit rester pour la République un combat essentiel ». Il est aujourd’hui Premier Ministre.

Enfin, on ne peut parler de banalisation de la parole raciste sans évoquer Marine Le Pen. La représentante du Front National compara les prières de rue encadrées par la préfecture de Paris à l’Occupation. Des propos qui lui valurent une mise en examen pour «incitation à la haine raciale».

La liste est longue, il serait difficile de lister tous les propos ayant contribuer à la banalisation du racisme en France mais qu’on se le dise, quand des personnalités politiques exerçant de hautes responsabilités s’essaient au racisme et à la xénophobie, il ne faut pas s’étonner que de simples citoyens débordent et passent à l’action. La parole raciste se libère et continuera malheureusement à se libérer tant que la xénophobie et la haine resteront un outils de conquête électorale ou encore un accélérateur de carrière.