Le fameux livre noir recueillant les témoignages bruts de soldats israéliens fait tous les gros titres de la presse française et étrangère. La barbarie et l’impunité ne pouvaient peser plus longtemps sur la conscience de certains hommes qui avouent, enfin, les méthodes de l’occupation israélienne. Un véritable cauchemar pour israël qui tente de lisser son image et de banaliser son occupation depuis des décennies.

Des témoignages qui laissent un goût amer au lecteur

Dans leurs témoignages, ces jeunes juifs ayant effectué leur service militaire dénoncent l’occupation des Territoires (n.b le service militaire en israël est obligatoire pour tout individu jugé apte, sa durée est de 3ans minimum pour les hommes et de 22 mois au minimum pour les femmes. Sont naturellement exemptés les arabes israéliens et les orthodoxes…) dans un réveil d’humanisme.

Ainsi, de l’aéroport Ben Gourion à Tel Aviv jusqu’aux checkpoints de Ramallah, on peut rencontrer des soldats au visage enfantin, semblables à des enfants qui jouent à « faire la guerre », le casque de travers et le pantalon retroussé, peut-être plus dangereux et plus hargneux que le soldat lambda.

Yehuda Shaul est passé par là de 2001 à 2004, en servant pendant trois ans après ses études le 50e bataillon de la Brigade Nahal. Incroyablement choqué par ce qu’il a vu et vécu, il fonde alors « Breaking the silence » (briser le silence) : l’association israélienne qui recueille dès lors les témoignages des soldats, officiers et sous-officiers de Tsahal, puis les publient.

On peut lire dans ce livre des centaines de récits collectés et vérifiés par l’ONG, qui décrivent les actions de l’armée en Palestine occupée, depuis la Seconde Intifada (2000). Destructions arbitraires de maisons palestiniennes, arrestations, violences, humiliations, punitions collectives, harcèlement psychologique… des témoignages qui laissent un goût amer au lecteur :

Une femme soldat discute un jour sur le pont Allenby avec Moussa, un civil palestinien de 22ans : « Il m’a regardé dans les yeux et il m’a dit : « Je vis dans une prison, je ne peux pas aller à la mer, je veux aller à Tel Aviv, acheter des choses pour ma femme. » Et ça te ronge de l’intérieur. Des mots pareils, une situation pareille, tu commences à changer de point de vue. »

« Il y avait cette maison qu’on a investie à Hébron… on l’a prise. Vous connaissez la procédure : la famille descend d’un étage. Qu’est ce qu’on a fait ? On était… au troisième étage, les gars ont installé un tuyau pour pouvoir pisser dehors. Ils ont mis le tuyau, on l’a installé exactement de manière à ce que la pisse coule dans la cour de la maison en dessous de nous. Il y avait quelques poulaillers, ça coulait dessus. Tous les jours, c’était la blague, attendre que le père ou l’un des gamins aille au poulailler et tout le monde se mettait à pisser. Ou bien je me rappelle d’un ami qui aimait se laver les dents et la bouche avec le bidon puis attendre que quelqu’un passe en bas pour leur cracher dessus. »

Une idéologie nationaliste et militaire,  anti-arabes dans les faits

Un lavage de cerveau militarisé et mis en place de manière systématique par le gouvernement israélien, dans le « noble » objectif que la jeunesse ne lui échappe pas et poursuivent avec zèle l’idéologie anti-arabes, dans les faits. Dans les dires, il s’agit bien sur de se protéger des ennemis innombrables au sein même du (des?) pays et des nations menaçantes qui entourent l’état sioniste, bien qu’aucune ne dispose de l’arme nucléaire ou du soutien des forces occidentales.

Lors des dernières commémorations de la Nakba en France, des organisations de soutien au peuple Palestinien avaient organisé dans la rue des mises en scène qui représentaient des soldats israéliens brutalisant femmes et enfants, mises en scène « mensongères » et « très choquantes » d’après le CRIF qui se plaignait « d’incitation à la haine et à la violence à l’égard des sionistes »…

Israël est un géant aux pieds d’argile. Comme tout géant aux armes fournies, l’état se croit intouchable mais pourrait bien s’effondrer de l’intérieur, avec le réveil des consciences de ses propres habitants, de ses spectateurs internationaux.

Par Lila