Au cours de la Conférence de la Rentrée qui s’est tenue le mercredi 29 août, le Ministre de l’Éducation Nationale, Vincent Peillon, a proposé de lancer un enseignement de la « morale laïque » à l’école. Un enseignement qui serait une matière à part entière, notée, et à destination des élèves « du plus jeune âge au lycée ». Cet enseignement est prévu pour la rentrée 2013, le temps de déterminer son contenu, et de former les enseignants à cette discipline.

Un concept vaste et ambigu

Reste maintenant à savoir ce qu’entendait par là le Ministre de l’Éducation. Sur ce point, M. Peillon a expliqué au JDD qu’il s’agissait d’apprendre aux élèves « un ensemble de valeurs que nous devons partager ». Il ajoute également qu’il s’agit d’une « morale commune, qu’elle s’impose à la diversité des confessions religieuses, qu’elle ne doit blesser aucune conscience, aucun engagement privé, ni d’ordre religieux, ni d’ordre politique ».

Il précise au JDD que « le but de la morale laïque est de permettre à chaque élève de s’émanciper, car le point de départ de la laïcité c’est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix ». Il ajoute que la morale laïque c’est  « comprendre ce qui est juste, distinguer le bien du mal, c’est aussi des devoirs autant que des droits, des vertus, et surtout des valeurs ».

Il en ressort tout de même une définition bien chaotique, avec parfois des concepts quasi antinomiques. Certains estimeraient qu’elle serait un moyen de protéger la liberté de conscience, et la liberté de culte. A l’inverse, et ce qui semble le plus probable, c’est qu’il s’agirait plutôt d’une volonté d’assimiler, d’effacer l’individu, et de mettre tout en commun. D’ailleurs, l’expression employée par le Ministre « arracher l’élève à tous les déterminismes » est très forte. En clair, que tout le monde adhère à ces valeurs, mais ce qui est une valeur pour l’un, ne l’est pas forcément pour l’autre. Tout comme ce qui est considéré comme bien selon certains, ne l’est pas pour d’autres.

De plus, cela pourrait remettre en cause l’éducation des parents, et donne une mission supplémentaire aux professeurs. Le personnel enseignant est là pour enseigner, et non pour éduquer. Leur mission principale est déjà bien conséquente, et difficile. La baisse du niveau scolaire français de ces dernières années peut en témoigner.

Divergences au sein de la classe politique

Si son prédécesseur UMP, Luc Chatel, a accusé Vincent Peillon d’avoir paraphrasé le Maréchal Pétain, Luc Ferry a trouvé cette proposition excellente et explique au Figaro que « quand le ministre évoque le besoin de réarmement moral de l’école, il se réfère à la déclaration des droits de l’homme, à l’idée de liberté comme d’une émancipation, d’un arrachement à nos enracinements dans divers communautarismes, au respect de l’être humain, abstraction faite de ses appartenances à une langue, une nation, une religion, une culture. C’est ce que l’on a appelé l’humanisme abstrait ». Dans ces propos, la perception de Luc Ferry d’une morale vise bien le communautarisme, et reprend la notion d’« arrachement à nos enracinements ».

La présidente du parti d’extrême-droite, Marine Le Pen, s’est montrée quant à elle favorable à cette proposition d’enseignement. Elle a expliqué sur BFM-TV que Vincent Peillon a utilisée cette expression « parce qu’il ne veut surtout pas heurter les différentes religions ». Elle ajoute que la morale laïque est issue de la religion chrétienne. Mais elle estime que pour être enseignée, « il faut qu’il y ait une discipline dans les classes, parce que sinon aucun enseignement ne pourra être effectué ».

En somme, la morale laïque suscite des débats au sein de la classe politique, et subsiste un flou autour de sa définition, la manière dont elle sera enseignée, et son but.

Et vous parents, comment comprenez-vous cet enseignement de morale laïque ?