Adlène Hicheur, est une victime de la lutte anti-terroriste. Son histoire a interpellé les associations de défense des droits de l’Homme en raison d’un grand manque de preuve dans son dossier d’inculpation. Le procès a enfin eu lieu et le verdict est tombé : 5 ans de prison, dont quatre fermes pour le jeune physicien.

Adlène Hicheur, un procès basé sur un manque réel de preuve

Adlène Hicheur, est un physicien de 36 ans au CERN, de Vienne (en Isère) qui a été arrêté le 8 mai 2008, pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». On lui reprochait d’avoir échangé avec un membre présumé d’Al Qaïda au Maghreb, un certain Moustapha Debchi en Algérie, et d’avoir surfé sur des sites dits islamistes. En détention provisoire depuis 8 octobre 2009, Adlène a toujours clamé son innocence.

De même, son avocat, Me Baudouin, avait expliqué que son dossier d’inculpation est vide car il n’existe aucune preuve matérielle retrouvée (adresse IP, log de serveur etc). L’enquête s’est seulement basée sur des dires virtuelles, et sur la consultation de certains sites. Aucun acte n’a été commis.

Les jeudi 29 et vendredi 30 mars, Adlène a comparu devant la 14 chambre du tribunal correctionnel de Paris. Le verdict est rendu le 4 mai, condamné finalement à 5 ans de prison, dont quatre ans ferme. Cinq ans de prison, pour avoir dit des mots sur le net.

Un « scandale judiciaire » dénoncé par son avocat

Son avocat a dénoncé pour sa part « un scandale judiciaire ». Il ajoute aussi que ce jugement est «  l’aboutissement logique du rouleau compresseur de la justice antiterroriste ». De même, ses défenseurs et soutiens étaient unanimes sur l’impartialité du procès, qui était déjà joué d’avance, avec une instruction totalement à charge.

En plus de son incarcération, Adlène Hicheur s’est vu confisquer une épargne de 15 000 euros en cash, somme qu’il avait en partie économisé afin de financer des travaux sur son terrain, en Algérie, son pays d’origine. Cette confiscation de son bien, qui n’a rien à voir avec l’affaire, a été qualifiée par Me Baudouin comme une humiliation.

Vers une dérive de la lutte antiterroriste ?

Son procès, une semaine après la mort de Mohamed Merah laissait craindre à ses soutiens et proches un climat défavorable qui ne lui faciliterait pas la tâche. Ce verdict tombé, il semble être ce qu’on pourrait qualifier du premier exemple d’un abus de la lutte antierroriste. Une lutte tant médiatisée suite à la tuerie de Toulouse et Montauban, avec la proposition notamment de criminaliser la simple visite de certains sites. Une lutte indispensable afin de combler les critiques et les défaillances dénoncées sur le travail de la DCRI.

Le CCIF craint bien qu’Adlène soit la « première victime collatérale des manquements présupposés de la DCRI ».


By Younes

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