Aux Etats-Unis, la première génération d’imams laisse la place à de plus en plus d’imams natifs. Nés aux Etats-Unis, ils séduisent la communauté musulmane pour leurs atouts comme la connaissance du pays, du système, des difficultés du quotidien et plus généralement de la société dans laquelle ils vivent.
L’enracinement de l’islam aux Etats-Unis
Mohamed Mabrouk, 21 ans, est imam d’une mosquée en Californie, et parle avec un fort accent… du Détroit, sa ville natale. La communauté musulmane américaine change. Avec un grand nombre de conversions à l’islam et l’émergence de d’une nouvelle génération « made in USA », les fidèles musulmans sont davantage des personnes nés sur le territoire américain. Auparavant, ils étaient beaucoup plus représentés par des immigrés (pays du Moyen-Orient, Afrique).
Ainsi, lorsqu’on se rend dans une mosquée américaine, on peut fréquemment rencontrer des responsables, qui ne sont pas issus de l’immigration.
Selon Mustafa Kuko imam au Centre Islamique de Riverside, en Californie, en 1998, seulement 2% des musulmans fréquentant la mosquée étaient nés américains. Ils sont aujourd’hui plus de 15%, et leur nombre ne cesse d’augmenter.
Cette nouvelle tendance réjouit les imams de mosquée, car finalement, les natifs sont bien placés pour prendre la relève des immigrés, afin de diriger la communauté musulmane américaine. Ils ont aussi un avantage considérable : ils connaissent la culture américaine, ils ont baigné dans le système dès leur plus jeune âge, et sont donc aptes à comprendre certaines problématiques propres à leur pays, les Etats-Unis. Cette nouvelle génération d’ imams attirent également les jeunes musulmans américains, qui se trouvent des points en commun avec eux.
Désormais, il semble qu’il n’est plus nécessaire de recruter des imams de l’étranger, pratique courante au cours des années précédentes, en raison d’un manque de responsables religieux compétents.
En France, la même tendance
En France nous constatons la même tendance, certes dans une moindre mesure mais peu à peu les remplacements d’imams partant à la retraite ou finissant leur contrat, se font souvent par des imams nés en France. Une nouvelle génération d’imams ayant étudié au Maroc, en Egypte, en Angleterre… ou encore en France est en train de voir le jour. Là encore, outre leur qualités et compétences théologiques, ils maîtrisent la langue, le contexte, connaissent la société, l’environnement dans lequel ils vivent et sont souvent très proches de la jeunesse musulmane française. L’imam Rachid Abou Houdeyfa de la mosquée As-Sunna de Brest en est l’illustration.
L’île de la Réunion est en la matière un bel exemple. Dès la première génération d’immigrés sur l’île, la communauté musulmane a formé parmi ses enfants des imams, professeurs et prêcheurs. Ainsi, à l’image d’Anass Patel, il est fréquent que des jeunes de l’île soient devenus hafidh al Quran en suivant un enseignement local, à la madrassa du coin. Un enseignement qui porte ses fruits puisqu’en 2008 Zakaria Said et Fasihouddine Ali deux jeunes Réunionnais âgés de douze et treize ans ont remporté le concours international de mémorisation du Coran à La Mecque.
Qu’ils soient « formés » dans leurs pays respectifs est probablement un bien pour les musulmans locaux qui ne maîtriseraient pas encore la langue arabe. Il y a aussi comme vous l’avez signalé le contexte de la région, ce qui est difficilement accessible par les « imams étrangers ».
Avoir grandi dans le quartier est un frein en moins dans l’acceptation du responsable religieux.
J’ai mis des guillemets, car qu’ils soient formés de façon local ne change pas (normalement) leurs références au niveau des savants (souvent à l’étranger).La science acquise doit être validée par un savant qui a baigné dans l’Islam dés son plus jeune âge,et quoiqu’on en dise, c’est un gage de sérieux et de qualité.
De toute manière, la source principale est le Quran, puis la tradition. C’est inaltérable, et si quelqu’un s’y tenterait, al hamdoulillah, il y a des frères et soeurs qui sont là pour pointer, et mettre en garde. Je ne peux qu’espérer que les musulmans ne tombent pas dans le piège du « mouton » qui suit sans réfléchir.