Deux frères palois, Farid, 23 ans, et Saad, 28 ans ont été relâchés jeudi 5 avril, après près de 37 heures de garde à vue au commissariat. Aucune preuve n’a été trouvée contre eux.

Arrestation de choc pour une absence totale d’éléments à charge

Ces deux frères de la ville de Pau, n’étaient pas connus des services de police. Ils avait été embarqués mercredi dernier, dans le cadre des interpellations dans les milieux « islamistes radicaux » français menées depuis la tuerie de Toulouse, et suite aux déclarations du Président.

Les membres du GIGN étaient alors environ une quinzaine, armés, cagoulés, et se rendant chez la famille des deux frères à six heure du matin. Ils ont violemment enfoncé la porte du domicile, et ont embarqué les deux jeunes hommes sans même expliquer quoique ce soit à leur famille, choquée.

Une fois au commissariat, les agents de la DCRI leur ont posé une série de questions relatives à leur pratique religieuse, leur éventuel voyage en Afghanistan et/ou au Pakistan. En l’occurrence, aucun voyage à ces destinations n’a été effectué par les deux frères. Pourtant, leur arrestation résulterait de cette accusation, une rumeur qui proviendrait peut être de leur entourage.

Après leur garde à vue, leur première, les deux frères, connus pour être des personnes posées, ont repris leur vie, leur travail, mais ils sont en colère, et ne comprennent pas. Ils se demandent pourquoi eux ? Etait-il nécessaire d’effectuer une telle interpellation avec des agents armés et cagoulés ? Une simple convocation au commissariat n’aurait-elle pas pu faire l’affaire afin de répondre à leur série de questions ?

Arrestation abusive : les frères comptent mener l’affaire en justice

De cette garde à vue injuste, il en découle une médiatisation, et bien évidemment le choc de toute une famille. Ils espèrent maintenant retrouver une vie normale, sans la suspicion des gens, sans les regards.
Des excuses et une explication seraient également les bienvenues. A cet égard, ils ont décidé de porter plainte. L’un de leurs avocats, Monsieur Thierry Sagardoytho a affirmé que cette démarche visera à « rechercher la responsabilité de l’État dans ce dysfonctionnement majeur de l’institution judiciaire ».

Les deux frères souhaitent une réparation et un éclaircissement de cette injustice. On les avait soupçonné d’avoir été au Pakistan et/ou en Afghanistan, alors qu’il n’en était rien de tout cela. Leur arrestation reposait-elle seulement sur des propos de personnes ? Le mystère autour de cette affaire est également constaté par la Police de Pau, les interrogations étant menées seulement par les agents du DCRI.

Le cas de ces deux frères n’est pas isolé. Une semaine plus tôt, un toulousain de 23 ans, a été remis en liberté suite à une interpellation. Il en est sorti choqué, d’autant plus qu’il a été accusé à tort. Il s’agissait d’une arrestation basée finalement sur une dénonciation, qui s’est révélée mensongère.

Finalement, parmi les dix interpellés du mercredi, quatre ont déjà été relâchés, les autres ont leur garde à vue prolongée.

On constate de vives critiques à l’égard de cette opération policière massive par les adversaires du Président/candidat de la campagne électorale en raison de sa médiatisation et de son instrumentalisation pour des fins politiques. Désormais, il faudrait aussi dénoncer les abus de ces arrestations massives, et les défaillances du système judiciaire, qui sont à la limite du respect des libertés, telle la liberté d’expression. De plus, les victimes, qui en sortent choquées n’ont pas eu le droit à des réparations.
Suffirait-il finalement d’une simple dénonciation mensongère, d’une délation d’un voisin, un proche, de se rendre sur des sites particuliers, pour se faire injustement embarqué ?

On leur reproche d’être des radicaux. Même si cela supposait qu’ils tiennent des propos anti-Gouvernement français, en quoi cela constituerait un délit ?Ou devront-ils inventer un nouveau délit afin de justifier de ces actes, qui serait le « délit de radicalité » ?

Une campagne présidentielle mérite-elle autant de gesticulations ?