Quelques semaines après sa nomination, le gouvernement marocain majoritairement composé de membres du Parti pour la Justice et le développement a pris une mesure pour lutter contre les jeux de hasard. Les résultats du loto et autres loteries ne seront plus retransmis en direct sur les chaines publiques du Pays.

Débat entre les autorités religieuses marocaines

Mustapha Al-Khalfi, le ministre des Télécommunications du nouveau gouvernement a annoncé l’interdiction des jeux de hasards télévisés au Maroc, jugeant que l’impact sur les téléspectateurs pouvait être néfaste, surtout et avant tout sur la jeunesse.

En février dernier, les téléspectateurs se sont retrouvés au nombre de 900 000 devant une émission annonçant les résultats d’un tirage au sort d’un jeux de hasard ! De plus, les chaînes de télévision étant publiques, pour le gouvernement il semble cohérent de ne pas demander au peuple marocain de financer une telle activité, les jeux de hasard étant un gouffre moral et financier.

« Je ne laisserai pas les jeux de hasard être retransmis en direct sur la télévision d’État, qui est financée par le peuple marocain, même si cela me coûte mon travail,» a-t-il déclaré aux membres de l’Éducation, de la Culture, et du Comité des communications au sein du parlement.

Des voix se sont opposées à cette mesure avançant la montée de l' »Islamisation » des médias d’état au sein des pays des l’Afrique du Nord. « Cette décision aurait pu être importante si elle avait été accompagnée d’autres mesures liées à la politique et à l’économie », déclare cependant Saeid Lakhal, membre de l’autorité sur les mouvements islamiques, ce mardi 3 avril à Dubaï.

Il ajoute que selon lui, cette interdiction ne résoudra pas le problèmes des citoyens lambda, qui malheureusement continueront certainement à jouer. En effet, l’interdiction de retransmission télévisuelle n’empêchera pas les joueurs de se retrouver au sein des cercles de jeux habituels. Un joueur sait où aller pour jouer…

Libéralisme social ou « illimité »

D’après Al-Khalfi, « il y a une différence entre le libéralisme social et le libéralisme illimité qui ne marche pas pour la protection des jeunes générations ». Les autorités religieuses ont applaudi cette initiative. « Quand le Parti Justice et Développement est arrivé au pouvoir, ils sont devenus responsables devant Dieu et devant le peuple, » a déclaré Omar al-Kettani, membre de l’autorité sur l’économie islamique, à Al-Arabiya. « S’ils n’obéissent pas à Dieu, ils trahissent leur peuple » Continue-t-il.

Alors que publiquement les gouvernements européens préservent leurs citoyens contre les dangers de l’alcool, du tabac et de l’addiction aux jeux, le Maroc, état musulman, ne protège pas sa population face à ces grave maux sociaux ? C’est toujours l’avis de Omar Kettani, qui explique également que les plus démunis sont les premières victimes des jeux de hasard, espérant gagner l’argent qui les sortirait de la misère sociale… Une illusion de gain malsaine et inacceptable, tant sur le plan social qu’humain. De plus, de nombreuses personnes préfèrent vivre de leurs « gains », plutôt que décrocher un emploi moins rémunéré en théorie, même si plus fiable. La valeur du travail est importante, et ce dans n’importe quelle société. Les jeux de hasards salissent ces valeurs et offrent à la place des cercles vicieux dangereux.

Pour Kettani, l’interdiction du gouvernement marocain est une avancée positive vers l’interdiction totale de jouer. Un bienfait pour l’économie du pays à plus long terme, et un retour au vraies valeurs du travail. L’Islam interdit sans équivoque tous jeux consistant à parier.

« O les croyants! Le vin, le jeu de hasard, les pierres dressées, les flèches de divination ne sont qu’ une abomination, œuvre du Diable. écartez- vous en, afin que vous réussissiez. Le Diable ne veut que jeter parmi vous, à travers le vin et le jeu de hasard, l’ inimitié et la haine, et vous détourner d’ invoquer Allah et de la Salâ. Allez- vous donc y mettre fin? » (Coran, 5 : 90-91).