Les deux plus importantes organisations suisses, le KIOS (Coordination des Organisations Islamiques de Suisse) et le FOIS (Fédération des Organisations Islamiques de Suisse) ont annoncé préparer des élections afin de mettre en place un Parlement représentatif de toute la communauté musulmane de Suisse.

Vers une assemblée représentative des musulmans Suisses ?

Cinq spécialistes du droit public et du droit islamique se sont rassemblés afin de travailler sur la mise en œuvre des statuts du Parlement, tout en s’assurant de leur adéquation avec le droit fédéral de l’Etat et la législation cantonale. Ces statuts seront ensuite soumis à l’avis consultatif de toutes les organisations musulmanes suisses participantes (elles seraient près de 300 en Suisse).

Une élection-test est prévue pour l’automne prochain à Bâle -Ville, un canton où la communauté musulmane est très présente. Ensuite, si son déroulement remporte un succès, les organisations musulmanes établiront de nouvelles élections mais cette fois-ci, au niveau national, d’ici l’hiver prochain. Le vote est ouvert à tous les musulmans résidant en Suisse, et n’auront pas besoin d’être adhérent ou militant d’une association musulmane. Les électeurs devront seulement accepter les statuts du futur Parlement.

Ce Parlement sera nommé « Umma Suisse » et pourrait voir le jour d’ici 2013, et il représentera tous les musulmans du pays, estimés à 400 000. Son principal but est de les représenter, et devenir l’interlocuteur unique pour les institutions politiques suisses. L’assemblée sera aussi sera également un lieu de concertation et de coordination autour des problématiques de la vie des musulmans comme par exemple le manque d’infrastructures religieuses, mais aussi le déficit d’organisation de l’enseignement religieux.

L’assemblée sera un atout pour toutes ces petites associations musulmanes désireuses d’être davantage reconnues et écoutées par l’Etat, en parlant d’une seule voix, et ainsi mettre fin à la cacophonie, et à la dispersion. Notons aussi que les initiateurs de ce projet ne comptent nullement remettre en cause la légitimité et le pouvoir des organisations, qui représentent un socle indispensable au niveau local.

Le CISS mis à l’écart ?

L’assemblée se veut représentative de toute la communauté musulmane Suisse néanmoins, Nicolas Blancho président du Conseil Supérieur Islamique Suisse association rassemblant des milliers d’adhérents n’aurait pas été impliqué  ni même informé des détails du projet. Perplexe, il a déclaré au sujet de l’initiative : « nous ne voyons pas comment il pourrait être réalisé, vu que les organisations ne possèdent ni les moyens financiers, ni les structures nécessaires pour appliquer un tel projet »

Fort de son succès, le CISS fait bouger les lignes des associations traditionnelles. Pratiquants décomplexés rompant avec l’attitude des anciennes générations, la jeune équipe du CISS fait des projets et voit l’islam en grand pour la Suisse : construction de mosquées, mise en place de commerces communautaires, organisation de conférences, participation au débat politique… L’association s’implique sur plusieurs terrains et ne courbe pas l’échine.

La hausse de l’islamophobie en Suisse : un constat de l’OSCE

L’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe a constaté une hausse des discriminations envers les musulmans en Suisse. Elle encourage donc le Gouvernement à soutenir activement ce genre d’initiative afin que les musulmans puissent défendre leurs droits, et organiser comme il se doit la pratique de leur religion, et ceci, en toute sécurité.

Après le vote d’une loi interdisant la construction de minarets, la vive polémique autour du niqab, sans oublier la montée de l’extrême-droite, une organisation parlant d’une seule voix pour toute la communauté musulmane est une très bonne chose dans ce pays.

Espérons que cette initiative sera appliquer comme il se doit l’adage selon lequel l’union fait la force, et qui est tellement nécessaire pour les musulmans à l’heure actuelle. En France, les choses avancent tout doucement mais surement, il y a quelques jours cinq des principales organisations musulmanes de France ont lancé un appel afin d’interpeller les candidats à l’élection présidentielle à « prendre position, de la manière la plus ferme, contre tout discours, toute idée ou tout slogan qui viserait à monter les Français les uns contre les autres, en faisant notamment de l’islam et des musulmans les boucs émissaires des maux que connaît notre société. »