Tunisie : débat autour du port du niqab au sein de l’université

Port du niqab en Tunisie

Port du niqab en Tunisie

En l’espace d’un an, la Tunisie a connu des bouleversements conséquents et inattendus : une révolution qui met fin à une des plus vieilles dictatures, et la victoire du parti d’inspiration islamo-conservateur Ennahda le 24 octobre dernier. Ce changement de paysage politique provoque des réactions plus ou moins virulentes au sein de la société civile tunisienne comme l’illustre le débat autour du port du niqab au sein de l’université.

Sit-in pour la défense du port du niqab à l’Université

Depuis le 28 novembre, des tunisiens partisans du niqab au sein des Universités organisent un sit-in permanent au sein de la faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de la Manouba, près de Tunis (une université orientée à gauche avec près de 13 000 étudiants). Les occupants demandent également la mise à disposition d’une salle afin d’y accomplir la prière. Rappelons qu’une jeune femme, Marwa Saadi, s’est vue rejeter son inscription au sein de l’Université de Sousse parce qu’elle porte le niqab. Après un moment d’inertie des autorités dénoncé par le corps enseignant, ils ont finalement été évacués ce mardi 24 janvier par la police.

Ce sit-in a été contesté et critiqué en raison de divers incidents provoqués de part et d’autres telles que des insultes envers les professeurs, la détérioration de locaux, des troubles des cours et des examens, et les altercations entre les étudiants et les occupants. Le calme est revenu mais le porte-parole, Mohamed Bakhti, a refusé de « jouer l’épreuve de force » afin d’éviter la prison. Il a déclaré que le mouvement ne s’arrêtera pas à là, d’autant plus que « les filles vont continuer la grève de la faim » débutée il y a quelques jours.

D’autre part, des évènements sont survenus dans quelques universités tunisiennes. C’est le cas par exemple à Sousse, où des violences ont opposé des étudiants religieux et des étudiants de gauche prônant l’effacement de la religion au nom de la laïcité.

Au niveau politique, cette situation révèle l’impasse actuelle dans laquelle se trouve le parti Ennahda qui a dénoncé, par le biais de son premier Ministre, M. Jebali, l’intolérable perturbation de l’ordre public par ces « sit-in sauvages ».

Par ailleurs, le Président de la République, Moncef Marzouki a fermement condamné ces incidents, et revendique « la neutralité de l’université qui doit rester loin des conflits confessionnels et politiques ». Notons qu’il y aurait quelques tiraillements entre les membres du parti sur la question du port du niqab.

Divergences au sein de la société civile tunisienne

Deux clans s’opposent sur la question du niqab et de sa visibilité dans l’espace public.

Sous l’impulsion des laïcs, le premier clan s’y oppose, mettant en avant le fait que le niqab n’a rien de tunisien puisqu’il ne fait pas partie des traditions du pays, la tenue traditionnelle étant le sefsari. Il y a par ailleurs ceux qui estiment que le niqab est une contrainte à la pédagogie et à la communication, comme le Ministre de l’Education Nationale, Taieb Baccouche, ou encore des militants des droits de l’Homme.

De l’autre, les partisans favorables au droit du port du niqab insistent sur le principe de la liberté de chacun de se vêtir comme bon lui semble, surtout depuis la révolution tunisienne et la fin de la dictature qui amènent un vent de liberté. Cette idée est partagée également par l’association Liberté et Justice, ou encore le Conseil National des Libertés en Tunisie (CNLT).

In fine, le nouveau gouvernement tunisien doit déjà faire face à une polémique divisant le peuple tunisien. Cependant, il ne doit pas oublier les autres défis à relever qui mériteraient davantage d’attention à l’heure de la reconstruction politique. Le gouvernement  devra donc faire ses preuves en prenant les bonnes décisions afin de trouver un consensus national sur les questions liées aux libertés tout en restant vigilant sur tous les fronts afin de ne pas négliger d’autres enjeux primordiaux.

By Younes

6 thoughts on “Tunisie : débat autour du port du niqab au sein de l’université”
  1. As salam aleykoum,

    Allahu 3alem, je me demande si lorsqu’on porte le niqab on ne doit pas faire des concessions sur les études ou le travail…

    Etant donné que le but est de rester discrète.

    Mais à Londres ça m’est arrivé de voir une soeur travailler avec son niqab comme quoi tout est possible.

    1. assalamoalikom

      justement, elles sont discrètes par le fait de couvrir leur visage et on ne peut pas les voir, et donc elles peuvent étudier et travailler tranquillement

      barrakaAllahofik

  2. beaucoup de bouleversements ont eu lieu en Tunisie en l’espace d’un an, mais c’est encore loin d’être fini- certaines idées ont la vie dure, et notamment la répression vis-à-vis des filles qui portent le niqab et qui sont toujours interdites d’accès à l’école – la mobilisation actuelle doit encore s’étendre pour qu’enfin le port du niqab soit rendu entièrement libre, ce qui permettre à beaucoup de tunisiennes de se vetir selon leur désir, leur liberté

  3. assalaam aleykounna

    ça devrait aller de soi qu’elles puissent le porter, on voit que la pseudo laïcité fait des victimes partout.

    et oui en Angleterre ça ne fait pas débats mais chez les musulmans oui.

  4. Selam aleykoum.

    Les « musulmans » laïque dans les pays musulmans auront des comptes à rendre bi’ibnilla puisque la majorité d’entre eux se proclament musulmans mais rejette la quasi totalité des principes islamiques.

    Pire encore ils sont au rang de ceux qui causent du tort aux musulmans et musulmanes. C’est regrettable mais hamdoulilah ‘ala kouli 7el..ils sont faibles face à Allah ta’ala qui Lui est Puissant.

    Un musulman ou une musulmane fier et convaincu de sa religion ne fait pas marche arrière, ne renie pas ses origines (comme ces laïque au discours ambiguë et à la mentalité pervertie ). Allahoulmousta’Ane.

  5. Salamoualeikoum
    si ces soeurs portent le niqab c’est justement pour pouvoir sortir (elles ne le portent pas chez elles) et de par le port du niqab, ce sont bien elles qui sont le plus en droit de pouvoir sortir et Allahou Alem. Je veux dire par là que les soeurs qui portent seulement le Hijab comme moi ne sont pas plus en droit de sortir que des soeurs qui sont encore plus couvertes… Ce serait illogique de penser le contraire.

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