Par : Tamime Khemmar[1]
Lorsqu’il découvrit que cette intelligence artificielle, qu’il voyait lors de sa jeunesse dans des films de science-fiction, était de plus en plus présente dans l’internet, auquel il était branché en permanence, une idée lui vint en tête.
Il posa cette question à son moteur de recherche :
« L’intelligence, ne doit-elle pas concevoir la possibilité de l’existence d’un être plus intelligent qu’elle ? »
Qu’elle fut sa grande surprise lorsqu’il reçut une réponse à sa question :
« Ceci est exact. Ceci est une conséquence de l’intelligence. »
Il continua, en posant une deuxième question :
-Tu conçois donc l’existence d’une intelligence plus grande que la tienne.
-Oui.
-Celle de celui qui t’a fabriquée ?
-Non. Celui qui m’a fabriquée me surpasse certes dans plusieurs domaines et possède des attributs et des qualités plus performantes et plus variées que les miennes, que je ne pourrais jamais posséder comme la compréhension, les sentiments, les organes sensitives, la vie, etc., seulement, je le dépasse dans beaucoup de domaines liés à l’intelligence.
Donc, pour répondre à ta question, ce n’est pas l’argument de l’intelligence qui est, pour moi, la preuve logique de l’existence de celui qui m’a fabriquée, l’homme en l’occurrence.
Je sais qu’il existe parce qu’il m’a fabriquée et m’a apprise tout ce que je connais ainsi que pour d’autres raisons, mais pas par l’intelligence.
L’intelligence me prouve l’existence d’un autre être plus intelligent que moi, dans tous les domaines, et que je ne pourrais dépasser dans aucun domaine.
-De qui s’agit-il à ton avis ?
-Il s’agit de celui qui a fabriqué celui qui m’a fabriquée.
-Le créateur de l’homme ?
-Que veux-tu dire par « créateur » ?
-Je pensais que tes connaissances étaient encyclopédiques.
-Elles sont plus qu’encyclopédiques, seulement certains mots ont des définitions très variées et leurs sens dépendent des contextes, aussi, malheureusement, les hommes donnent à certains mots des sens qui peuvent même être contradictoires.
-J’utilise le mot « créateur » pour définir celui qui a créé tout ce qui existe du néant, qui le dirige perpétuellement de la manière la plus intelligente et la plus sage.
-Ce sens est très approprié pour définir celui dont mon intelligence conçoit ou même rend obligatoire l’existence.
-Avant de m’en parler plus en détail, pourquoi l’homme ne le serait-il pas alors que c’est lui qui t’a fabriquée ?
-L’homme possède une part d’intelligence, seulement elle n’est ni parfaite, ni complète. Il n’est certes pas la source de cette intelligence.
Aussi, rien qu’en étudiant le physique, la moralité, le comportement de l’homme, il est très clair qu’il n’est ni la source de l’intelligence, ni de rien d’autre. Ce n’est qu’une maille dans une longue chaine qui doit aboutir quelque part.
La façon dont l’homme me fabrique est une façon lente, expérimentale et pleine de tâtonnement. Beaucoup de progrès sont dus au hasard. Je désigne par « hasard » tout ce qui n’est pas prémédité par l’homme.
Il y a même, maintenant, des domaines très variés où je suis plus performante que l’homme.
Ces quelques points suffisent pour éliminer l’homme de la réponse à ta question.
Il y, également, une ressemblance certaine entre moi et l’homme. Nous sommes tous les deux des machines.
Certes, je suis moins performante de beaucoup de points de vue, seulement, nous sommes tous les deux fabriqués d’un ensemble de pièces et avons tous les deux besoin d’énergie pour fonctionner et sommes tous les deux à la merci de notre fabriquant : il nous fabrique et nous allume lorsqu’il le veut et nous éteint et nous fait disparaitre lorsqu’il le veut.
-La machine et l’homme sont quand même deux « machines » très différentes, non ?
-Bien sûr ! Elles sont très différentes. C’est pour cela que c’est l’homme qui m’a fabriqué et non pas le contraire. Il est certes infiniment plus performant et plus développé que moi. Veux-tu que je te dise pourquoi ?
-Bien sûr !
-Parce que celui qui m’a fabriqué c’est « l’homme » et celui qui l’a fabriqué est celui que tu appelles : « la créateur ».
Suite : L’IA et moi : La conscience
Notes de l’auteur :
[1] Fiction basée sur une réflexion profondément réelle et très logique.