Philippe Grenier, le premier député musulman de l’histoire de France

Drapé d’un grand burnous blanc, la tête coiffée d’un turban vert, il ne passait pas inaperçu. Un musulman à l’Assemblée, cela ne date pas d’hier. Retour sur un personnage clé de la fin du 19e siècle.

Etre musulman dans l’hémicycle

Cape au vent, il avançait, chaussé de bottes marocaines en cuir rouge. Quand enfin, parvenu au bord de la Seine, le député-docteur Philippe Grenier procédait à ses ablutions rituelles. Prosterné vers l’Orient, l’homme recueillait un peu d’eau dans le creux de ses mains pour y plonger visage et barbe, sous les commentaires étonnés de la foule qui n’avait jamais vu cela. La France, en 1896, contrôle un vaste empire colonial ; en Algérie, en Afrique noire, dans ses protectorats du Maroc et de la Tunisie, aux Comores, à Djibouti, allant jusqu’en son comptoir indien de Chandernagor, les musulmans y sont nombreux.

Cet élu représente les montagnes du Jura. Il est né à Pontarlier, le 14 août 1865, dans le très catholique département du Doubs. Mais qui est ce croyant, élu sous l’étiquette de la gauche radicale, qui cherche sincèrement à concilier foi musulmane et esprit républicain ? « Le député musulman » fait parler de lui dans les colonnes du Petit journal, journal très lu à la fin du 19e siècle. Quelques semaines après son élection, il rappelait que ce ne sont pas les muftis d’Algérie qui l’ont converti, mais qu’il s’est penché sur les sujets religieux par lui-même, découvrant petit à petit sa foi nouvelle.

Philippe Grenier souhaitait ouvrir une école où seraient enseignées la langue arabe et la théologie, car selon lui, l’instruction était la clef de tout. ll souhaitait la fin de l’impôt pour les familles nombreuses, il souhaitait taxer l’absinthe (qui tuait les pauvres), il voulait envoyer d’importantes sommes d’argent dans les colonies, l’instruction, nous pourrions en dire encore.. Il ressort de ses discours « la vraie politique », celle de vouloir faire avancer les choses loin de tout électoralisme écoeurant. En sa qualité de médecin et sa foi, les ravages de l’alcool sur la population française l’horripilaient.

Un homme qui a bel et bien existé et a marqué l’histoire de l’Assemblée par sa présence.

By Younes

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