Par Tamime Khemmar.
Le Prophète [ﷺ] a dit : « Si vous comptez sur Allah comme il se doit, Il vous pourvoira comme Il pourvoit les oiseaux ; Ils s’en vont le matin affamés et reviennent le soir rassasiés. »[1]
C’est-à-dire que si vous réalisez le tawakkoul, le vrai tawakkoul, digne du mouslim qui s’est soumis à Allah et s’est livré à Lui, et digne d’Allah, soubhânah, Qui possède tous ce qui se trouve dans les Cieux et la Terre et Qui connaît parfaitement tous nos actes, nos paroles, nos pensées, nos désirs et nos besoins… que se passera-il alors ?
Allah nous suffira, comblera tous nos besoins et nous fera revenir le soir chez nous les sacs remplis, les cœurs joyeux et la foi en Lui très forte.
La réalité du tawakkoul
Beaucoup d’entre nous connaissent ce que signifie le tawakkoul . Seulement, rares sont ceux qui connaissent la réalité du tawakkoul.
Or, le tawakkoul, s’il est accompli comme il se doit, ouvre infailliblement les portes du bonheur, dans cette vie d’ici-bas et fait mériter les hauts degrés, dans la dernière vie.
Que signifie le tawakkoul ?
Le tawakkoul est le fait de compter sur Allah ; le cœur doit s’appuyer sur Allah et le corps doit employer les moyens qu’Allah a placés pour atteindre n’importe quel objectif.
Celui qui ne réalise pas ces deux points n’est pas un véritable moutawakkil (qui compte) sur Allah.
Allah nous apprend le vrai tawakkoul :
Allah nous a appris ce que devrait être le vrai tawakkoul dans sourate AL-Baqarah, verset n°197 en disant :
(Prenez avec vous vos provisions et sachez que la meilleure des provisions est la taqwâ (le fait de se préserver)).
Certains pèlerins qui voyageaient pour accomplir le hajj ne prenaient pas de provisions ou jetaient leurs provisions en disant étonnés : « Nous accomplissons le hajj vers Bayt Allah et Il ne va pas nous nourrir ?! » Pensant ainsi qu’ils accomplissaient le devoir du tawakkoul et comptaient ainsi sur Allah durant ce voyage béni.
Allah rectifia leur erreur et leur dit : « Prenez des provisions qui vous éviteront de demander aux gens. » C’est-à-dire : Prenez avec vous vos provisions qui vous aideront à accomplir votre hajj, car le dévouement à Allah n’est pas en voyageant sans provisions, puis mendier, ni en gaspillant vos provisions.
Le dévouement envers Allah est de se préserver de la colère d’Allah et de Son châtiment ; en s’éloignant de Ses interdits et en appliquant Ses prescriptions lors de votre hajj.
Ceci est la meilleure des provisions : La taqwâ.
Prenez-en donc le plus possible avec vous !
Ceci est le vrai tawakkoul. Compter sur Allah et diriger le cœur uniquement vers Lui en n’employant que ce qui est licite et en ne prenant que la voie de la piété qui est celle de l’obéissance à Allah.
Mais en même temps, il faut employer les moyens qu’Allah a créés.
Le voyageur, par exemple, doit s’équiper pour son voyage ; nourriture, eau, montures, armes pour se défendre, guide, etc.
Aussi, ceci évitera aux pèlerins et à n’importe quel voyageur de s’exposer à ce qui peut l’humilier, tel que mendier et peut-être même voler.
Attention au piège du Chaytân :
Le croyant et la croyante doivent être intelligents et doivent se méfier de leur plus grand ennemi : le Chaytân.
Ils doivent savoir que cet ennemi déclaré n’a de soucis que de leur porter le plus grand préjudice.
En parlant du tawakkoul, lorsque le Chaytân voit que le croyant ou la croyante dirigent leurs cœurs vers Allah, obéissent à Ses commandements et se livrent à Lui, il vient furtivement et leur susurre :
– Abandonne-toi complètement à Allah. Ne t’occupe plus des choses de la vie d’ici-bas. Oublie les moyens, les causes, les effets et tout ce qui est matériel et soit détaché de toute cette vie…
Son intention pernicieuse n’est pas de les diriger vers la piété et la foi, mais il aspire en réalité à éloigner sa victime de la deuxième partie importante du tawakkoul qui est le fait d’employer les moyens qu’Allah a créés et a rendu licites pour justement pouvoir accomplir Son adoration, Ses cultes et tout le reste des responsabilités qui incombent aux hommes et aux femmes dans cette vie d’ici-bas.
Tout culte prescrit par Allah a des conditions qui doivent être remplies afin que ce dernier soit agréé par Lui.
Le tawakkoul est certainement l’un des plus grands cultes prescrits par Allah et il a, lui aussi, des conditions qu’il est très important de connaitre puis, de remplir afin que ce dernier soit accepté d’Allah et porte ses fruits.
Quelles sont les conditions du tawakkoul ?
1-Compter sur Allah sincèrement ;
2-Employez les moyens qu’Allah a établis pour arriver à toute fin, comme le fait de sortir tôt le matin pour travailler, comme le font les oiseaux qui sortent de leurs nids et descendent tôt le matin pour chercher leur nourriture ;
3-Avoir dans son cœur la certitude que toutes les choses sont entre les mains d’Allah, qui donne et prive ;
4-Savoir que notre force, notre intelligence, notre travail sont des moyens qu’Allah nous a accordés pour réaliser nos désirs et obtenir ce que l’on recherche, et que Celui qui nous donne, nous pourvoit, Ar-Razzâq, n’est autre qu’Allah.
5-Dormir, être fainéant, et compter sur les autres en disant que le rizq, la subsistance d’Allah, viendra, ceci est un zouhd, un détachement de la vie d’ici-bas, mensonger.
Il faut employer les moyens qui apportent le rizq, en ayant le cœur tourné vers Allah et ne pas laisser la vie d’ici-bas nous éloigner de la dernière vie.
Connais-tu le noble nom d’Allah : Al-Wakîl ?
Al-Wakîl signifie Celui qui suffit à Ses créatures et se charge d’elles.
Al-Wakîl est celui qui se charge de nourrir et de pourvoir toutes les créatures et Celui qui s’occupe de la gestion des existences des créatures et administre tout ce qui les concerne.
Al-Wakîl est celui qui suffit à quiconque se dirige vers Lui et préserve celui qui se réfugie auprès de Lui, parmi ses serviteurs croyants qui s’en remettent à Lui.
Belle histoire sur le tawakkoul :
Abou Houraïra (Qu’Allah agrée) rapporta que le Prophète [ﷺ] a dit :
« Un des enfants d’Israël demanda à un autre de lui prêter mille dinars. Celui-ci lui dit :
– Apporte-moi les témoins pour que je les fasse témoigner.
Il lui répondit :
– Allah suffit comme témoin.
– Il lui dit alors :
– Apporte-moi alors le garant.
Il lui répondit :
– Allah suffit comme garant.
-Tu dis vrai. Lui dit-il et il les lui donna jusqu’à un délai convenu.
L’emprunteur partit en mer et accomplit ses affaires puis chercha un bateau pour s’embarquer et revenir à son créancier, en raison du délai convenu, mais il ne trouva point de bateau.
Il prit alors une planche de bois et la perça. Il y introduit les mille dinars et une lettre de sa part pour son compagnon et réajusta l’endroit du trou.
Puis, il s’en alla à la mer et dit :
– Allâhoumma (mon Seigneur) Tu sais bien que j’ai emprunté d’untel mille dinars. Il m’a alors demandé un garant. Je lui ai dit : « Allah suffit comme garant. » Il T’a agréé et il m’a demandé un témoin. Je lui ai dit : « Allah suffit comme témoin. » Il T’a agréé. Or, j’ai fait mon possible pour trouver un bateau pour lui envoyer son dû, mais je n’en ai trouvé aucun. Je Te les confie donc.
Il jeta la planche à la mer et lorsqu’elle s’éloigna de lui, il s’en alla, cherchant toujours un bateau pour rentrer dans son pays.
L’homme qui lui avait emprunté l’argent sortit voir si un bateau arrivait lui ramenant son argent. Il vit la planche qui contenait l’argent. Il la prit comme bois pour sa famille, et lorsqu’il la scia, il trouva l’argent et la lettre.
Celui à qui il avait emprunté l’argent arriva et lui ramena les mille dinars et lui dit :
– Je jure par Allah que je n’ai cessé de chercher un bateau pour te ramener ton argent, mais je n’en ai trouvé aucun avant celui dans lequel je viens d’arriver.
Le créancier lui demanda :
– M’as-tu envoyé quelque chose ?
Il lui répondit :
– Je te dis que je n’ai pas trouvé un bateau avant celui dans lequel je viens d’arriver.
Il lui dit :
– Allah a fait parvenir à ta place ce que tu as envoyé dans la planche de bois. Repars donc, avec les mille dinars, clairvoyant. »[2]
Notes de l’auteur :
[1] At-Tirmidhî (2344), Ibn Mâjah 4164), Ahmad (205) et jugé Sahîh par Al-Albânî.
[2] Al-Boukhârî (2291) Traduction adaptée.