L’OABA (Œuvre d’assistance aux bêtes d’abattoirs) estime que l’abattage rituel est incompatible avec la certification biologique, c’est pourquoi une procédure judiciaire avait été lancée contre l’organisme de certification Ecocert qui certifie notamment la société Bionoor (propriétaire de la marque Tendre France commercialisant de la viande halal Bio en France).
L’affaire avait été avait été jugée en appel en juillet 2019 par la Cour administrative d’appel de Versailles qui avait décidé qu’en effet il est interdit d’apposer le logo européen Bio « AB » sur de la viande issue d’abattage rituel sans étourdissement préalable.
Insatisfaite de ce résultat, la société Bionoor avait porté l’affaire devant le Conseil d’Etat qui a malheureusement approuvé cette interdiction dans un arrêt, datant du 31 décembre dernier, en ces termes : « l’exclusion de la certification Agriculture Biologique pour des viandes issues d’animaux abattus sans étourdissement préalable ne porte pas atteinte à la liberté de religion et n’est pas discriminatoire. »
Bionoor a été en outre condamné à verser 3000 € à l’OABA.
Il est tout à fait étonnant que des animaux qui durant toute leur vie ont bénéficié d’un excellent traitement et ont été nourris sainement ne puisse bénéficier de cette certification Bio juste parce que la manière de les abattre ne plait pas.
Qu’à cela ne tienne, les musulmans peuvent utiliser leurs propres certifications
La société Bionoor a été la première entreprise à recevoir la certification « Agriculture biologique » en Algérie pour ses dattes Deglet Nour. Elle a par ailleurs contribué à la plantation de 30.000 arbres en Afrique.
Du coté de la viande Bio, depuis qu’elle ne peut plus bénéficier de la mention « AB », elle collabore désormais avec AVS qui a mis en place la certification AVS Nature, qui répond à deux critères :
– Le Halal : la bête doit être abattue selon le rite islamique
– Le Naturel : la bête doit être élevée, nourrie, traitée de manière naturelle et saine (sans pesticides, avoir accès au plein air etc.).
La viande issue de ces animaux est donc Bio dans les faits, quand bien même le rituel de l’abatage islamique n’est pas accepté par X ou Y.
Naturel VS Conventionnel
Il serait également intéressant de discuter en profondeur dans la oumma des concepts de naturel, d’agriculture sans pesticides, du traitement des animaux, car la nourriture saine (Tayibb) fait aussi partie de notre religion.
La logique de rentabilité est tout à fait compréhensible : Les agriculteurs et les éleveurs ont le droit de survivre, et plus encore de s’en sortir financièrement, car c’est un travail très technique et stressant. De plus, dans ce contexte de marchés ouverts et très concurrentiels, il est parfois difficile de joindre les deux bouts. C’est ce qui conduit une majorité à rester dans la logique éprouvée du conventionnel, qui permet de hauts rendements, plutôt que de se risquer à faire une transition en Bio.
Il est également légitime de se demander est-ce que le Bio peut nourrir la planète. Mais notons que nous sommes dans une ère scientifique et certains agriculteurs et éleveurs spécialistes semblent réussir à obtenir d’excellents rendements, tout en garantissant un processus de production entièrement naturel. Et cela est sans parler de la résilience (capacité à faire face aux aléas climatiques, aux maladies etc.) supérieures des systèmes de production naturels par rapport à ceux en conventionnel.
Enfin il serait bon de s’interroger quant à la qualité et la valeur nutritionnelle des viandes ou productions biologiques vs conventionnelles.
Par exemple si une pomme bio était deux fois plus nutritive qu’une pomme conventionnelle, ne serait-il pas logique de la payer plus cher ?