Agriculture naturelle – Réintroduire les arbres dans les champs

Nous parlons rarement dans la oumma d’agriculture biologique, qu’on appelle également agriculture naturelle, ou parfois permaculture même si c’est un abus de langage. Alors nous voudrions profiter de quelques articles pour développer sur ce sujet, à travers les points de vue de plusieurs scientifiques, agriculteurs et spécialistes de la question. Nous pouvons citer notamment Geoff Lawton, Marc Dufumier, Claude et Lydia Bourguignon, Masanobu Fukuoka, Bill Mollison etc.

Aujourd’hui nous allons particulièrement parler de l’utilité de l’arbre dans les systèmes agricoles. Voici donc un petit résumé de ce qu’ont pu dire les microbiologistes des sols Claude et Lydia Bourguignon dans plusieurs de leurs conférences disponibles sur youtube.

Ils expliquent comment depuis l’après-guerre (1945) les politiques agricoles des États-Unis et d’Europe (Révolution verte) ont eu tout faux avec les engrais chimiques et la suppression des arbres dans les champs ; avec certes des rendements élevés dans un premier temps, mais qui ont en contrepartie complètement détruit les sols et pollué les nappes en quelques décennies seulement. Et tout cela sans parler des semences qui ont perdu de leur diversité génétique et sont devenues fragiles aux maladies, et sont devenues de plus en plus dépendantes aux pesticides et aux engrais chimiques, qui se retrouvent au final dans ce que l’on mange et dans l’eau que l’on boit.

Comment un sol fait pour fonctionner pendant des milliers d’années sans être dégradé ?

Quand on étudie la nature on se rend compte que tout est extrêmement équilibré et en harmonie. Les plantes et arbres poussent très bien et le sol reste non seulement fertile à l’infini, mais s’améliore même au fil du temps.

Pourtant dès que l’homme commence à toucher le sol, il le détruit très rapidement. Ne devrait-on pas alors s’inspirer de la nature qu’Allah a créé parfaitement pour conduire nos cultures ? On appelle cela le bio-mimétisme, et ce concept est actuellement appliqué dans tous les domaines de la science.

Claude Bourguignon explique qu’un modèle artificiel inspiré de la nature existait déjà au 19e siècle et avait permis d’arrêter la famine en Europe. C’est ce qu’il appelle l’équilibre Agro-Sylvo-Pastoral. Agro pour agricole, sylvo pour les arbres, et pastoral pour les animaux. Ou l’agroforesterie pour le sous-concept sans les animaux. Nous développerons ces sujets une prochaine fois inchaAllah.

L’arbre est donc le maitre des sols, et ces agriculteurs de l’époque l’avaient réintroduit  dans leurs terres sous forme de haies qui entouraient les terrains. Aujourd’hui beaucoup d’agriculteurs bio et permaculteurs réinventent ce modèle et l’adaptent à leur contexte pour obtenir des rendements maximum.

 

Pourquoi l’arbre est indispensable en agriculture et pour la planète ?

L’arbre fait tomber chaque année en automne des feuilles mortes et des branches. Tout cela va être mangé par une faune qui va permettre ensuite aux champignons d’attaquer la lignine (la matière carbonée brune et dure qu’on retrouve dans le bois ou les plantes sèches) et la transformer en Humus.
L’Humus est donc la couche supérieure de sol qui est créé par la décomposition de ces végétaux morts. Il faut également savoir que l’Humus est de la matière organique qui va être minéralisé au printemps par les bactéries. Cette minéralisation de la matière organique est la seule façon pour les plantes d’absorber cette nourriture.
On peut donc dire que l’arbre est un créateur de fertilité.

Par ailleurs, les arbres protègent les nappes phréatiques car ils ont un réseau de racines horizontales qui va récupérer les minéraux avant qu’ils n’atteignent la nappe. Par exemple, les formes minérales de l’azote sont les nitrates qui font tant parler d’elles en agriculture conventionnelle (chimique) car elles sont répandues en grandes doses dans les terres agricoles, et comme les plantes (blé, orge, colza etc.) ne peuvent tout absorber, le reste finit dans l’eau que nous consommons.
Les nappes phréatiques sous les forêts sont saines.

La leçon que nous devons retenir est qu’il ne faut pas labourer, du moins pas en profondeur, car il y a des exceptions notamment avec les sols très argileux avant la fertilisation naturelle, car la matière organique est sur le sol. Le fait de labourer en profondeur envoie cette matière organique sous les graines qui seront plantées et donc le temps que les racines grandissent, la matière organique a été minéralisé en partie et s’est échappée dans la nappe.

Un second système racinaire de l’arbre appelé le pivot va descendre à des dizaines voire une centaine de mètres et va permettre à l’eau en surplus, complètement saine et pure (sans minéraux) de remplir la nappe phréatique. L’arbre est donc indispensable pour lutter contre la sécheresse car il absorbe l’eau de pluie et remplit les nappes.

Il faut également savoir qu’un sol vivant et sain est absorbant, comme une éponge, ce qui permet de retenir l’eau plus longtemps afin de la rendre disponible aux cultures et permet de lutter contre l’érosion (dégradation du sol par le ruissellement de l’eau). Réintroduire les arbres dans les champs permet aussi de lutter contre l’érosion éolienne et protéger les cultures du froid.

 

By Younes

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