Le parlement européen a voté ce jeudi 17 décembre une résolution d’urgence dans un contexte où de nouvelles accusations d’esclavage des peuples ouïghours, kazakhs et tibétains par le gouvernement chinois ont été révélées. Elle a été adoptée avec une écrasante majorité de 604 eurodéputés ayant voté Pour, sur 681 présents en tout.
La résolution demande à l’UE de s’engager dans des discussions fermes avec les autorités chinoises et qu’elle prenne « toutes les mesures afin de persuader le gouvernement chinois de fermer les camps et de mettre fin à toutes les violations des droits au Xinjiang et ailleurs » afin que le régime chinois mette « immédiatement un terme à la pratique des détentions arbitraires sans chef d’inculpation, des procès et des condamnations pénales à l’encontre des Ouïghours et des membres d’autres minorités musulmanes, à fermer tous les camps et centres de détention pour les minorités ethniques victimes d’incarcération de masse, et de libérer sans délai et sans conditions les détenus »
Il est par ailleurs affirmé dans le texte que l’oppression menée contre les ouïghours « porte atteinte à leur dignité humaine, viole leur liberté d’expression culturelle, de croyance religieuse, leur droit à la liberté de parole et d’expression, ainsi que leur droit à la liberté de réunion et d’association pacifique. »
La résolution adoptée vise aussi et surtout à bannir l’importation de produits issus de l’esclavage mis en place par la Chine. Des eurodéputés ont appelé à suivre l’exemple des États-Unis, dont nous avions parlé il y a peu, qui avaient déjà commencé une politique de blocage des produits bruts chinois provenant du Xinjiang en septembre, et dont le sénat va examiner une proposition de renforcement de ces sanctions sous peu.
Les menaces de Glucksmann si la résolution venait à être ignorée
Raphaël Glucksmann député au parlement européen a été interrogé quelques jours avant cette délibération et a déclaré que « L’absence de réaction internationale a autorisé le régime chinois à aller toujours plus loin dans la répression en pensant ne jamais avoir à en payer le prix. »
Il a été l’un des initiateurs de cette résolution d’urgence et a appelé à mettre «fin à quatre ans de lâcheté et de complicité de la communauté internationale et en particulier des dirigeants européens»
Le député a lancé juste après l’adoption de cette résolution d’urgence un « j’accuse » contre tous les complices silencieux ou partie prenante dans le génocide des Ouïghours. Il a commencé par dénoncer le fait qu’une précédente résolution, datant de 2019, et demandant des sanctions contre des dirigeants chinois coupables de ces crimes, ait été ignorée.
Il a eu par ailleurs des mots très fort concernant les autorités chinoises : « J’accuse, les dirigeants du parti communiste chinois, du pire crime contre l’humanité du XXIe siècle : la déportation, et l’éradication du peuple ouïgour. »
Raphael Glucksmann a fini par menacer courageusement tous les responsables qui de manière entendue et lâche se taisent ou profitent de ces crimes : « Si ces dirigeants s’assoient sur la résolution que nous votons aujourd’hui, l’Histoire les jugera complices de crime contre l’humanité ; et nous les jugerons avant elle. »
Interrogé de nouveau après l’adoption du texte, le député a cependant a eu un optimisme contenu et parlé d’un simple « premier pas ». En effet, le début du bras de fer avec la Chine ne fait que commencer et nous verrons dans ces prochaines semaines si l’UE passe effectivement à l’action ou non.
Il est également déplorable pour la oumma de constater que c’est à l’initiative d’hommes et femmes politiques non-musulmans que des pressions sont menées contre ceux qui oppressent les musulmans.