[Palestine] Le prince Tourki humilie Israël et le Bahreïn en plein sommet régional

Dimanche 6 décembre à Manama (Bahrein) a eu lieu un sommet entre différents pays du Golfe afin de résoudre la crise qui dure depuis 3 ans entre le Qatar et l’Arabie Saoudite et parler de la sécurité de la région.

En marge de cette rencontre le prince Tourki ben Fayçal Al-Saoud, qui fut chef des services de renseignements en Arabie Saoudite entre 1979 et 2001, a eu des propos d’une extraordinaire brutalité envers Israël, qui assistait à ce sommet à distance via son ministre des affaires étrangères, Gabi Ashkenazi.

Bien qu’il représente son pays, le prince Tourki a cependant précisé avant de s’exprimer qu’il s’agissait de son opinion personnelle. Et Bahreïn, qui organisait ce sommet, a également été victime indirecte de ces propos qui sonnent comme un camouflet subtil concernant la récente normalisation de ses relations avec Israël, également mise en œuvre par les Émirats Arabes Unis et le Soudan.

Le prince Tourki bin Fayçal a commencé son discours en soulignant la contradiction entre la perception d’Israël qui se voit comme une nation de « défenseurs pacifistes de principes moraux élevés » et la réalité cruelle de ce que vivent les palestiniens au quotidien sous la « colonisation occidentale ».

L’ancien chef des renseignements saoudiens a également déclaré : « Ils démolissent des maisons comme ils le souhaitent et assassinent qui ils veulent » et a ajouté que le gouvernement israélien a « incarcéré [des Palestiniens] dans des camps de concentration selon les plus fragiles accusations de sécurité – jeunes et vieux, femmes et hommes, qui y pourrissent sans recours à la justice. »

Les Palestiniens de leur côté considèrent cette normalisation comme un mépris des souffrances subies depuis des décennies et une trahison de leur cause.
Sans oublier que les israéliens continuent d’avancer leurs pions vers la mosquée Al-Aqsa.

Pour lui, la condition sine qua non à l’amélioration des relations entre Israël et, non seulement l’Arabie Saoudite, mais également tous les pays arabes, est que ce gouvernement se plie à «l’Initiative de paix arabe », qui est un accord parrainé par l’Arabie Saoudite en 2002, et qui garantit un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avant la politique d’expansion et de colonisation massive ; cela en échange d’un accès complet d’Israël aux pays arabes.

 

Dénonciation de l’arsenal nucléaire caché d’Israël.

Il a ensuite continué ses attaques en accusant Israël de se faire passer pour un « petit pays existentiellement menacé, entouré de meurtriers sanguinaires qui veulent l’éradiquer de l’existence », mais qui serait pourtant de loin le plus dangereux dans la région car il possède selon lui « 200 armes nucléaires appelées “Bouclier de l’Armageddon” » non déclarées.

 

Israël nie et s’accroche à la normalisation des relations

Le ministre des affaires étrangères israélien, assistant également au sommet, à distance, a pris la parole directement après le prince en affirmant : « Je voudrais exprimer mes regrets sur les propos du représentant saoudien. Je ne pense pas qu’ils reflètent l’esprit et les changements qui se produisent au Moyen-Orient. »

Il s’est également défendu des accusations du prince en rejetant la responsabilité de l’échec des accords de paix sur les épaules des Palestiniens qui n’auraient pas fait les concessions nécessaires, avant de conclure : « Nous avons le choix ici avec les Palestiniens de le résoudre ou non ; ou bien continuer ce jeu d’accusations. »

Dore Gold, proche du premier ministre Netanyahu et ancien ambassadeur israélien à l’ONU,  était présent dans le public et a « laissé entendre » que les propos du prince Fayçal étaient «des accusations du passé – dont beaucoup sont fausses».

Le ministre des Affaires étrangères du Bahrein, Abdullatif al-Zayani, a tenté par la suite de ramener de la sérénité face à ces échanges houleux en déclarant : « Le chemin de la paix n’est pas facile. Il y aura beaucoup d’obstacles en cours de route » avant de conclure  « Il y aura des hauts et des bas. Mais le fondement de ce chemin, le chemin de la paix, est la question israélo-palestinienne. »

Malgré cette sortie du prince Tourki, les pays du Golfe, dont l’Arabie Saoudite, gardent de forts intérêts convergents avec Israël, notamment vis-à-vis d’une éventuelle coopération pour contrer l’Iran avec qui les relations se sont extrêmement détériorées ces dernières années.

Le mois dernier, des rumeurs, ont d’ailleurs fait état d’une rencontre en Arabie Saoudite entre Netanyahu et les autorités saoudiennes. Informations niées ensuite par Riyad.

Le prince Fayçal bin Farhan, ministre des affaires étrangères d’Arabie Saoudite, a de son côté déclaré à l’AFP : « Nous avons été très clairs que pour que nous puissions procéder à la normalisation, nous devrons voir un règlement du différend palestinien et la formation d’un État de Palestine viable selon les lignes envisagées dans l’Initiative de paix arabe de 2002 » ; ce qui reste donc la position officielle de l’Arabie Saoudite.

By Younes

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