Du désert à la forêt : Projet Al Baydha

L’origine du projet Al Baydha

Al Baydha est une région située à 50 km au sud de La Mecque. C’est une zone désertique dont une partie est recouverte par les montagnes du Hijaz et des tribus traditionnelles nomades arabes continuent de la peupler. Mais il y a 40 ans, le gouvernement les a sédentariser et ces tribus ont donc dû cesser d’aller de place en place pour nourrir leurs troupeaux de chameaux, d’ovins et de caprins.

Comme ils ne furent pas accompagnés par ailleurs dans un changement de leurs pratiques d’élevage, les habitants ont participé malgré eux à une dégradation massive des ressources végétales de la zone.
Dans les années 2000, les pâturages étaient tellement épuisés qu’ils furent contraint de nourrir leurs animaux avec de la nourriture importée qu’ils finançaient en coupant de plus en plus d’arbres pour les vendre ensuite à La Mecque afin qu’ils soient transformés en charbon ; ce qui a rendu l’élevage de moins en moins profitable et a menacé leur mode de vie, tout en accélérant la désertification.
C’est là que projet Al Baydha a été mis en oeuvre avec comme objectif de recréer un équilibre entre les éleveurs et leur environnement, et ainsi leur permettre de garder une partie de leur culture et de leur patrimoine traditionnel dans un écosystème équilibré.
Ce projet a été financé et mis en valeur par l’intermédiaire de la Princesse Haifa Al Faisal et Neal Spackman, un spécialiste en agroforesterie des zones désertiques, fut chargé de le mettre en œuvre. En 2016, le prince Khaled Al Faisal, gouverneur de La Mecque a salué les habitants d’Al Baydha pour leurs efforts et leur investissement, et a porté ce projet en tant que modèle d’excellence nationale en matière de durabilité et d’innovation.

Al Baydha avant le début du projet. Complètement désertique

 

Les moyens mis en œuvre

La première des étapes a été la création d’un système de collecte de l’eau.
Sachant qu’il s’agit d’un désert, les précipitations arrivent au maximum à 500 mm par an.
Mais comme de nombreux autres endroits où il y a des montagnes, quand il pleut l’eau s’accumule et cause des inondations soudaines qui durent 2/3 heures tout en causant des dégâts humains et matériel.
Donc il y a beaucoup d’eau qui s’écoule dans des périodes très courtes sans que la terre ni les gens puissent en profiter sur le long terme.
L’idée première du projet est donc de créer des séries de barrages/gabions faits de pierres ainsi que des terrasses afin de ralentir l’eau qui s’écoule violemment des montagnes, puis de la contrôler.

La seconde étape, une fois l’eau ralentie et contrôlée est de l’utiliser pour établir un système d’agriculture et de zone de pâture basé sur le principe de permaculture appelé « Food Forrest » ou « Forêt comestible » en français.
Les arbres choisis sont tous résistants à la sécheresse, comme le palmier dattier et d’autres arbres permettant la régénération de la fertilité du sol.
Au final, l’eau qui vient de la montagne finit en aval dans des centaines de mettre de « swales » ou « rigoles/baissières » en français qui sont creusées de niveau ; tout le long de ces swales sont plantés des arbres qui permettent de retenir la terre et également de permettre l’infiltration de l’eau en profondeur via leurs racines.
À long terme, Al Baydha espère transformer la région en un écosystème durable grâce à ces techniques et au pâturage de conservation, c’est-à-dire s’assurer que le nombre d’animaux ne dépasse jamais les ressources disponibles.

La troisième étape sera de créer une marque autour des produits issus de l’élevage comme le fromage par exemple, et mettre en valeur ces produits qui sont déjà réalisés par les éleveurs avec expertise mais sans l’organisation et la centralisation qui permettraient de faire gagner en productivité puis visibilité sur le marché.

Un système d’irrigation avait été mis en place au début pour aider les arbres à grandir au début, et en 2016 une grosse partie de leur financement a été coupée, et Neal Spackman a pris la décision risquée d’arrêter l’irrigation et de s’en remettre au système qu’ils avaient créé bien que les arbres ne soient pas encore mature.
Malheureusement, il n’y a eu presque aucune plus pendant une longue période après l’arrêt de l’irrigation, et Neal et les éleveurs ont passé un moment très difficile à s’inquiéter pour le résultat du projet après avoir dépensé tant d’efforts et voyant une partie des arbres mourir devant leurs yeux.
Mais al hamdoulillah, en 2018 après 2 ans et demi, la première pluie d’importance est tombée et a permis de régénérer le sol en eau ; ensuite elle a été suivie d’une autre en 2019.
Voilà le résultat.

Les photos parlent d’elles-mêmes. C’est un très beau projet réussi dont on devrait s’inspirer dans tous les déserts du monde et ainsi reboiser des millions de km² paysages morts tout en redéveloppant l’élevage et l’arboriculture.
Dans un prochain article nous vous proposerons un autre exemple du genre réalisé par le permaculteur australien Geoff Lawton, qui a également été conseiller sur le projet Al Baydha.

La vidéo complète est disponible en anglais ici :

By Younes

One thought on “Du désert à la forêt : Projet Al Baydha”

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *