Il est de plus en plus difficile de nos jours de se forger une opinion objective à travers les médias tant l’objectivité est devenue rare. Les guerres médiatiques font rage par exemple entre la Turquie et l’Union européenne (sur fond de la crise des réfugiés à la frontière grecque), entre l’Arabie saoudite et la Turquie (sur fond de crise diplomatique avec l’affaire Kashoggi), entre le Qatar et l’Arabie saoudite, entre les Etats-Unis et la Chine, etc.
Et la Turquie d’Erdogan par exemple est donc depuis quelques mois régulièrement la cible des critiques des médias français ou européens, et malheureusement en pleine période de crise du COVID19, pas de trêve en vue. Ainsi le pourtant réputé journal du Monde traite aujourd’hui de « la gestion erratique » de la crise du COVID19 en Turquie. Un jour seulement après que le très réputé journal américain The Hill titre:
Turkey emerges as key player in global COVID-19 fight
The Hill cite ainsi l’exemplarité de la Turquie qui :
- a fermé les écoles et les universités seulement un jour après l’apparition du premier cas de coronavirus dans le pays,
- distribue gratuitement masques partout dans le pays pour protéger la population,
- soigne gratuitement tous les malades du COVID19 y compris les millions de réfugiés,
- a lancé la construction d’hôpitaux dédiés au COVID19 qui seront livrés dans les jours à venir, soit en moins de 45 jours
- a fourni une aide médicale d’urgence avec masques, kits de test etc. a plus de 38 pays déjà et a été reconnue internationalement comme l’un des pays les plus philanthropes sur le sujet,
- offre des sépultures gratuites à toute la population (cela indépendamment de la crise du COVID19)
- montre l’exemple tant la solidarité dans la population locale permet de dépasser les difficultés.
Bilan: la Turquie regrette 1500 victimes du COVID19 depuis le début de la crise, soit 10 fois moins que la France par exemple, pour un nombre de cas environ 30% inférieur la France, et cela alors même que la population turque dépasse la population française de plus de 20%.
Autre pays qui gère plutôt bien la crise du COVID19 mais est régulièrement critiqué par les médias internationaux toutefois, l’Arabie saoudite. Seulement 79 décès et 5862 cas à date, soit près de 20 fois moins de cas que la France et 200 fois moins de décès. Les moyens mis en oeuvre en Arabie pour combattre le COVID19 sont extrêmes depuis le début de la crise. Les Omras sont interrompues depuis 2 mois déjà, les écoles et les universités sont également fermées depuis 7 semaines. Des couvres feu sont en place dans les quartiers les plus sensibles des villes de la Mecque, de Médine et de Riyadh, au prix d’un impressionnant dispositif militaire. Et l’Arabie dont l’économie est aussi beaucoup liée au tourisme n’a pas hésité à interdire les vols internationaux très tôt dans la crise.
Les hommes d’affaires saoudiens aussi donnent l’exemple. La Fondation Al Rajhi, créée par Suleiman Al Rajhi, le milliardaire saoudien qui a donné toute sa fortune à des oeuvres charitables ou à ses ayants droits il y a quelques années et qui est donc le plus grand philanthrope en vie contrairement (NDLR: bien devant Bill Gates par exemple dont l’argent est encore largement investi dans les marchés), a mis à disposition de la population des hôtels cinq étoiles gratuitement pour accueillir les malades du COVID19 ou les personnes suspectes en période de quarantaine. Un fonds de 500 Millions de riyals est également en constitution pour aider à faire face aux conséquences sociales du COVID19. Et globalement toute la population respecte les mesures mises en oeuvre par l’état.
Venons en au Maroc enfin. A titre d’exemple. Tout comme la Turquie ou l’Arabie Saoudite, le gouvernement marocain a mis en place un confinement strict dès le début de la pandémie. Le Royaume a augmenté la capacité de traitement du système hospitalier et sécurisé l’approvisionnement en chloroquine et d’autres fournitures médicales dès le début de la crise également, afin de permettre au système de santé de faire face à la situation.
Sur le plan social et sociétal, l’unité nationale est impressionnante. Le Fonds Covid-19 lancé à l’initiative du Roi a déjà mobilisé plus de 30 milliards de dirhams et des mesures d’aide sociale de grande ampleur vis-à-vis des ménages vulnérables et des salariés du secteur privé, qui sont en arrêt temporaire de travail, sont en cours. Les marocains ont également fait preuve d’une grande solidarité internationale a l’image de cette collecte en cours pour 100 familles marocaines qui a déjà mobilisé près de 10 000 euros en quelques jours.
Evidemment, malgré ces points positifs, les trois pays cités, et d’autres pays comme eux, ont des marges d’amélioration importantes et des enjeux économiques et sanitaires de taille à affronter dans les prochaines semaines.
Mais cette crise sans précédent, malgré tout son lot de calamités, nous permet de partager deux bonnes nouvelles avec vous:
- Les pays musulmans ont dans l’ensemble fait plutôt bonne figure et peut être que cette crise réconciliera leaders et populations pour que les pays se reconstruisent dans l’unité;
- La communauté musulmane brille par sa solidarité, et a été forcée finalement d’oublier ses différences, de se réconcilier (y compris à l’échelle des pays avec notamment la fin de la guerre au Yémen), et peut être avec le Ramadan qui arrive, de reconstruire ce qui a fait sa force par le passé: sa foi et son unité.