La vidéo est de Mourad Ghazli, un ancien sportif de haut niveau et élu français qui ne peut laisser indifférent.
Mourad Ghazli vit à Alanya, en Turquie. Il publie deux vidéos dans lesquelles il s’indigne, de manière très crue, sur une grande problématique qui demande la mobilisation de tous: l’enterrement décent des musulmans en France, et en particulier ceux qui décèdent du COVID-19. Et on ne peut que le remercier pour son courage à l’heure où les politiques élus par les musulmans en France sont complices d’un silence assourdissant.
A l’heure où l’on parle des centaines de musulmans meurent chaque semaine du Coronavirus, et ne peuvent enterrés dans des conditions dignes. Par exemple, des dizaines de morts sont « stockés » à Rungis, contre facturation à la semaine (250 euros par semaine d’après Mourad Ghazli), en attendant de trouver un endroit pour les enterrer. Le problème ? Les mairies, qui sont responsables des cimetières et du droit à l’enterrement d’après le Code Général des Collectivités Territoriales, n’offrent pas suffisamment de places dans les carrés musulmans et la loi leur interdit, de créer des cimetières confessionnels.
Mais le fait est là, il y a de nombreux morts que l’on ne peut enterrer selon leurs volontés et en respectant leur choix religieux. La question qui se pose donc, en cet « état de guerre » est pourquoi la France s’interdit t’elle de créer des cimetières musulmans, alors que 10% de la population est musulmane en France et dans le cadre de leur religion, doivent être enterrés dans un cimetière musulman?
Nous faisons face à une situation d’exception, qui doit être le moment opportun de remettre en cause les nombreuses erreurs du passé.
Le principe de neutralité des cimetières résulte de trois lois adoptées dans les débuts de la IIIe République.
1) La loi du 14 novembre 1881 a abrogé l’art. 15 du décret du 23 prairial an XII, qui imposait aux communes d’affecter une partie du cimetière ou de créer un cimetière spécialement affecté à chaque culte, et interdisait tout regroupement par confession sous la forme d’une séparation matérielle du reste du cimetière.
En conséquence, depuis 1881, aucune séparation ne doit plus être établie dans les cimetières publics à raison des différents cultes.
2) La loi du 5 avril 1884 a, ensuite, soumis le maire à une obligation de neutralité dans l’exercice de son pouvoir de police des funérailles et des cimetières.
3) Enfin, l’art. 28 de la loi du 9 décembre 1905 a affirmé le principe de neutralité des parties publiques des cimetières, en interdisant « d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement que ce soit, à l’exception des édifices servant aux cultes, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions ».
Ces dispositions, dont certaines figurent désormais aux articles L. 2213-7 et L. 2213‑9 du Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT), emportent également interdiction de créer ou d’agrandir un cimetière confessionnel existant. Elles trouvent leur justification soi-disant dans la nécessité de respecter la liberté des croyances et des convictions en assurant la neutralité des lieux d’inhumation ouverts à toutes les confessions. Comme si la laïcité doit aussi s’inviter dans le quotidien des défunts.
Rappelons toutefois comme indiqué dans le rapport du Sénat que la pratique des carrés confessionnels est encouragée par le ministère de l’intérieur. Deux circulaires du 28 novembre 1975 et du 14 février 1991 ont ainsi invité les préfets à recommander aux maires de leur département « d’user des pouvoirs qu’ils détiennent pour réserver aux Français de confession islamique, si la demande leur en est présentée et à chaque fois que le nombre d’inhumations le justifiera, des carrés spéciaux dans les cimetières existants. »
Donc il est absolument indispensable que les électeurs musulmans de chaque commune s’organisent pour faire valoir ce droit, et immédiatement (dans un contexte d’élections municipales notamment !).
Rappelons que Nicolas Sarkozy (lui-même) défendait ce droit en tant que Ministre de l’Intérieur en 2003: « Chacun doit pouvoir enterrer ses morts, les prier, les honorer, les aimer dans le respect de sa religion et de sa culture. Devant la mort, nous sommes tous égaux. La peine d’un musulman est la même que celle d’un catholique, d’un juif ou d’un protestant. »
Dans un contexte tendu et de difficultés d’accès à l’information soulignons l’initiative de la plateforme Les Musulmans qui à créé une assistance nommé URGENCE JANAZA pour se renseigner sur vos droits et être accompagnés dans les démarches d’enterrement de vos défunts.
Revenons-en toutefois à Mourad Ghazli, et sa vidéo qui ne peut laisser indifférent, filmée au sein d’un cimetière chrétien de sa ville:
Oui la Turquie une fois de plus montre l’exemple, et l’enterrement gratuit en Turquie avec un plein respect des dispositions religieuses de chacun devrait être au goût du jour aujourd’hui en France pour que la discrimination ne soit pas emportée dans la tombe.